
Les Nations unies se réunissent jusqu’au 14 août dans la ville Suisse pour un sommet très attendu. L’objectif : dépasser les clivages entre pays et enfin aboutir à la signature d’un traité international sur la pollution plastique.
Un rendez-vous aux allures de sommet de la dernière chance. Les Nations unies ouvrent ce mardi 5 août, à Genève, un sommet baptisé "INC-5.2" qui espère déboucher sur la signature d’un traité international visant à "éradiquer la pollution par le plastique". Pendant près de dix jours, jusqu’au 14 août, ces négociations vont réunir 175 pays.
L’enjeu est colossal, alors que le plastique déversé en grande quantité menace la biodiversité terrestre et marine, ainsi que la santé humaine. Chaque année, 10 millions de tonnes de déchets plastiques sont rejetés dans les océans – soit l’équivalent d’un camion-poubelle déversé chaque minute. (...)
Fin décembre 2024, 170 États se sont réunis à Busan (Corée du Sud) pour tenter de trouver des réponses concrètes à ce fléau. Mais ils n’étaient pas parvenus à s’accorder sur le sujet.
La question de la pollution plastique était ainsi au cœur de la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan, à Nice, du 9 au 13 juin dernier. À cette occasion, 96 pays, dont la France, ont franchi un pas important dans le sens d’un traité international juridiquement contraignant - après qu’un premier accord a lancé les négociations en mars 2022. "Nous demandons l’adoption d’un objectif mondial visant à réduire la production et la consommation de polymères plastiques primaires à des niveaux durables", avaient alors écrit les signataires d’une déclaration publiée depuis la ville azuréenne.
Le sommet de Genève intervient toutefois sur fond de tensions géopolitiques et commerciales exacerbées. Car parmi les 175 pays parties prenantes, deux blocs s’opposent : "ceux signataires de la ’High Ambition Coalition’, dont la France, l’Union européenne, le Canada ou l’Australie qui appellent à un traité ambitieux couvrant tout le cycle de vie des plastiques, et les pays ’like-minded’, producteurs de pétrole et de plastique, qui défendent, eux, un traité plus limité centré uniquement sur la gestion des déchets".
L’enjeu est d’"amener des pays comme le Brésil, gros producteur d’hydrocarbures, à un traité important dans la réduction de la production plastique. Le recyclage est un sujet mais il ne résout absolument pas le problème. J’espère que nous parviendrons à un traité plastique ambitieux", confiait l’envoyé spécial d’Emmanuel Macron sur les océans à Nice, Olivier Poivre d’Arvor, en clôture de l’UNOC-3. (...)
Une situation devenue urgente
Le 4 août 2025, une trentaine de chercheurs des plus grandes institutions académiques ont publié dans la revue The Lancet un rapport compilant les données les plus récentes sur les multiples impacts sanitaires des plastiques. Sur le modèle de ce qui existe pour le climat, ils lancent le "Lancet Countdown on Health and Plastics", une boussole mondiale qui permettra de documenter dans la durée leurs effets sur la santé et de suivre les éventuels progrès réalisés pour les atténuer.
Le rapport rappelle que les plastiques, à chaque étape de leur cycle de vie (production, usage, recyclage, élimination), sont à l’origine de maladies et de décès par dizaines de milliers. Celles-ci touchent d’abord les populations les plus précaires. (...)
Un rapport du Forum économique mondial et de la fondation Ellen MacArthur avertit par ailleurs que "le poids du plastique dépassera celui des poissons dans l’océan d’ici 2050". (...)
Les prochains jours diront si l’urgence de la situation a été considérée à sa juste valeur ou non.