
Deuxième puissance maritime mondiale, la France doit agir avec résolution pour protéger ces précieux puits de carbone aquatiques et leur biosphère grièvement menacés par le dérèglement climatique.
L’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, la première à dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement. L’objectif établi dans l’accord de Paris est en train de nous échapper, mais nous poursuivons notre course vers l’abîme. Ceci constitue donc un dernier appel avant l’effondrement. Un ultimatum pour nous sauver toutes et tous, pour inverser cette mécanique inexorable qui détruit le climat, l’océan et le vivant, qui a été initiée par la démesure humaine, et qui ne pourra être altérée que par une réaction collective et politique d’ampleur.
Nous ne sommes pas fatalistes. Mais nous nous sommes trompés. Collectivement. Nous avons été trop patients, trop optimistes. Nous avons pensé que les alertes scientifiques et les mobilisations citoyennes d’ampleur seraient entendues. Nous n’avons pas été assez fermes, et la fenêtre se referme rapidement. L’océan, notre thermostat planétaire, est à un moment critique de bascule. Jusqu’ici, il a été notre meilleur allié face au dérèglement climatique, absorbant près de 30 % de nos émissions de CO2 et stabilisant le système Terre. Mais l’élévation inexorable des températures à la surface de l’océan engendre désormais des événements climatiques extrêmes, plus fréquents et plus intenses, aux conséquences humaines effroyables.
Une atteinte à la vie
Dans quelques jours, le président de la République accueillera un sommet international pour l’océan à Paris. En juin, la France sera l’hôte de la troisième conférence des Nations unies pour l’océan. Alors que la flotte française de chalutiers de fond pulvérise chaque année quelque 600 000 km² de plaines, forêts et monts sous-marins, nous, organisations et collectifs engagés pour la justice climatique et sociale, lançons cet ultimatum solennel à nos dirigeants et à l’ensemble de la société : nous devons protéger l’océan. Notre avenir en dépend. (...)
Chaque compromis avec les lobbys industriels de la pêche et des énergies fossiles s’apparente ainsi à une atteinte directe à la vie. (...)
Nous payons aujourd’hui le prix de l’irresponsabilité de nos décideurs politiques. Mais l’espoir demeure néanmoins dans l’action immédiate et radicale, dans notre capacité collective à répondre à l’urgence qui s’impose à nous. La France, en tant que deuxième puissance maritime mondiale, doit prendre ses responsabilités (...)
En stoppant l’exploitation des espèces menacées d’extinctions. En décrétant la fin des énergies fossiles, en interdisant l’ouverture de nouveaux projets fossiles. A cette condition seulement nous pourrons regarder l’avenir avec espoir. Nous appelons les politiques à un sursaut. Un sursaut de conscience, de courage et d’action. Il n’est pas trop tard pour éviter le pire. Mais il est minuit moins une.