
Depuis désormais plus d’un siècle, l’emplacement stratégique et les précieuses ressources naturelles du Groenland en font la cible des ambitions des États-Unis, mais les dirigeants de l’île, soucieux de préserver leur indépendance, ont toujours résisté aux nombreuses propositions du pays. Des tentatives d’échange de terres aux négociations pour l’installation de bases militaires pendant la guerre froide, voici pourquoi le Groenland demeure aujourd’hui encore l’une des îles les plus convoitées au monde.
(...) le Groenland, qui est un territoire autonome du royaume du Danemark, n’est pas qu’une simple étendue déserte de glace. Depuis des siècles, l’île abrite des peuples autochtones, principalement des Inuits, qui parvinrent à prospérer dans ce rude environnement arctique et développèrent des traditions centrées sur la pêche, la chasse et des liens étroits avec la terre. Ces communautés furent cependant largement ignorées par les Américains, qui préféraient focaliser leur attention sur la position stratégique et les ressources naturelles de l’île — et ce point de vue perdura pendant de nombreuses décennies.
« Tout se résume à deux facteurs : l’emplacement et les minéraux, et pour tout dire, cela n’a pas vraiment changé », explique Peter Harmsen, journaliste établi à Copenhague et auteur de l’ouvrage Fury and Ice : Greenland, the United States and Germany in World War II. (...)
En avril 1941, les États-Unis signèrent un accord de « défense du Groenland » avec l’ambassadeur du Danemark dans le pays leur donnant le droit de construire des bases militaires sur l’île auxquelles ils pourraient accéder librement. Les gisements de cryolithe de l’île, essentiels pour la production d’avions, devinrent une ressource critique durant la guerre. Ses stations météorologiques, quant à elles, devinrent cruciales pour prévoir les conditions en Europe, permettant ainsi de faciliter les plans des Alliés. (...)
Tandis que la guerre froide commençait progressivement à s’installer, les officiers de l’armée et de la marine américaines réalisèrent toute l’importance de l’emplacement du Groenland, l’île étant à mi-chemin entre les États-Unis et la Russie. (...)
Aujourd’hui, tandis que l’Arctique est en plein réchauffement du fait du changement climatique, ouvrant ainsi de nouvelles routes maritimes et donnant accès à des ressources encore inexploitées, l’importance de l’île ne cesse de croître aux yeux du monde. Pourtant, le Danemark et le Groenland se sont à nouveau montrés on ne peut plus fermes : le Groenland n’est pas à vendre.
« Le Groenland appartient à la population du Groenland », a commenté Múte Egede, le Premier ministre du Groenland, sur les réseaux sociaux. « Notre avenir et notre lutte pour l’indépendance sont notre affaire. »