
Avec ses déclarations du 25 septembre, Vladimir Poutine a-t-il réellement changé la doctrine russe en matière d’utilisation de son arsenal atomique ? Selon plusieurs diplomates et spécialistes de la dissuasion consultés par la revue, les déclarations du président russe qui avaient fait l’objet d’une vague d’inquiétude n’apportent, pour le moment, aucun élément fondamentalement nouveau.
Mercredi 25 septembre, lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, Vladimir Poutine a annoncé qu’en raison de « l’évolution de la situation militaire et politique actuelle », la décision avait été prise « d’adapter en conséquence les dispositions du document de planification stratégique aux réalités actuelles »1 — en d’autres termes, faire évoluer la doctrine nucléaire russe.
- Poutine souhaite faire évoluer celle-ci afin d’inclure les attaques directes (drones et armes hypersoniques, avions, missiles de croisière…) sur le sol russe par un « État non nucléaire, mais avec la participation ou le soutien d’un État nucléaire ».
- Ce cas de figure est clairement visé contre les soutiens occidentaux de l’Ukraine — États-Unis, France, Royaume-Uni — qui fournissent des armes et du matériel militaire à Kiev.
- L’armée ukrainienne a déjà utilisé des missiles occidentaux (notamment Storm Shadow/Scalp) afin de frapper des cibles situées en Crimée, considérée par Moscou comme faisant partie de son territoire.
L’annonce de Poutine a été accueillie avec une certaine distance dans les capitales occidentales. Des services français considèrent que parler de « changement » relève d’une « grave erreur d’interprétation ». (...)