France 3 Occitanie et Ici Occitanie ont demandé à l’institut Odoxa de mener une grande consultation sur le thème : "Comment être mieux soigné près de chez vous ?". À quelques mois des élections municipales, les résultats confirment une réalité bien connue des habitants de Lozère : l’accès aux soins est de plus en plus difficile.
la Lozère est l’un des départements où les habitants se disent les plus insatisfaits de l’accès aux soins. Sur ceux liés à la natalité par exemple, le taux d’insatisfaction culmine à 90 % d’opinions négatives. À l’inverse, en région parisienne, 85 % des habitants se déclarent satisfaits.
Même constat pour les urgences, où la Lozère détient un triste record : 86 % d’insatisfaction, le taux le plus élevé du pays. Quant à la médecine générale, le département arrive cinquième parmi les plus insatisfaits, avec 85 % des répondants jugeant difficile d’obtenir un rendez-vous avec un généraliste.
Nicole, ancienne greffière à Mende, en a fait les frais : "Notre médecin traitant est parti, et on est resté un an et demi sans médecin", raconte-t-elle". (...)
J’ai pris l’annuaire et j’ai appelé tous les cabinets du coin. Personne ne voulait nous prendre, ils avaient déjà trop de patients.
Nicole, habitante de Mende, en Lozère
Pour elle, la solution passerait par une maison de santé : "On en parle depuis des années mais les médecins ne viennent pas." Et la possibilité d’obliger les médecins à s’installer en zone tendue ? "Je pense qu’il faudrait imposer un service minimum : quand l’État paie vos études, vous restez quelques années dans les zones qui en ont besoin."
La santé mentale, un "point noir"
Au-delà des généralistes, la santé mentale est aussi un point noir : la Lozère figure parmi les cinq départements les plus insatisfaits pour l’accès à des psychologues ou psychiatres. Un signe supplémentaire de la fracture sanitaire entre les territoires ruraux et les grandes métropoles.
Les habitants interrogés par France 3 Occitanie évoquent tous la même lassitude. "On a l’impression d’être oubliés", résume Guy. "On ne demande pas des miracles, juste de pouvoir se soigner sans devoir faire 200 kilomètres."
La femme de Guy a eu un cancer l’an dernier. Elle a été opérée, tout s’est bien passé, mais elle doit faire un contrôle tous les six mois. Lorsqu’elle a souhaité prendre un rendez-vous en septembre dernier, "on lui a fixé ce rendez-vous le 18 mai prochain, déplore Guy. On a dû faire intervenir une connaissance pour qu’elle soit reçue plus tôt. Sinon, elle aurait dû attendre jusqu’à cette date-là. Et quand on a un cancer, on ne peut pas se permettre d’attendre six ou sept mois" !
"Si on n’a pas de voiture, on se débrouille" (...)
En Lozère, comme dans d’autres départements ruraux, se soigner près de chez soi relève parfois du parcours du combattant. Médecins qui ne s’installent plus dans certains territoires, habitants frustrés et insatisfaits… Les inquiétudes révélées par la consultation menée par Odoxa et confirmées par les témoignages des habitants, traduisent un malaise réel face au système de santé. Malaise qui pourrait s’inviter dans la campagne des prochaines élections municipales.