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Royaume-Uni : un rapport s’alarme de la détention illimitée des migrants en attente de leur expulsion
#RoyaumeUni #retention #violence #CPT
Article mis en ligne le 13 février 2024
dernière modification le 11 février 2024

Un rapport publié jeudi par le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) alerte sur la détention illimitée au Royaume-Uni de migrants en attente de leur expulsion - et s’alarme des conséquences sur leur santé mentale. Certains étrangers ont ainsi passé plusieurs années en centre de rétention britannique, alors même que leur renvoi dans leur pays d’origine était impossible.

L’institution soulève une série d’"inquiétudes" quant à la prise en charge des étrangers retenus dans ces structures "semblables à des prisons".

Le rapport fait suite à des visites dans plusieurs lieux en mars et avril 2023, notamment à l’IRC de Brook House (près de l’aéroport de Gatwick), celui de Colnbrook (près de l’aéroport d’Heathrow) ou encore de Derwentside (près de Newcastle dans le nord de l’Angleterre).
La détention illimitée, "déclencheur de troubles mentaux" (...)

"Le fait même qu’il n’y ait pas de durée maximale de détention des migrants au Royaume-Uni et que les personnes puissent être détenues pendant plusieurs années est un élément déclencheur de trouble mentaux", signale le CPT. (...)

Dans les IRC d’Heathrow, d’Harmondsworth et de Colnbrook, le comité a relevé 18 cas d’automutilation pour le seul mois de mars 2023. Un exilé s’est mutilé à trois reprises malgré une surveillance accrue, puis s’est suicidé dans sa cellule.
"Le gouvernement ne reconnaît pas une grande partie du contenu de ce rapport"

Le personnel médical a de son côté fait part de son impuissance dans le traitement des maladies mentales. Selon les équipes de santé, certains patients ne peuvent pas être soignés correctement dans ces structures, et devraient être transférés dans des hôpitaux psychiatriques.

Aussi, le rapport exhorte les autorités à "libérer la personne lorsqu’il est établi que la rétention est préjudiciable pour celle-ci et qu’il n’y a pas de perspective imminente d’éloignement". Les inspecteurs réitèrent leur demande d’introduire un délai de détention maximale.

En réponse, les autorités britanniques ont publié un document de 17 pages dans lequel elles contestent les conclusions de CPT. (...)

Mais le CPT ne s’arrête pas là. Il s’inquiète également de l’utilisation de la force dans les centres de rétention britanniques. Au cours des trois premiers mois de l’année 2023, le personnel de Brook House a eu recours à la force à 78 reprises, et une vingtaine de fois dans ceux d’Heathrow, Colnbrook et Harmondsworth.

Dans certains cas, des femmes vulnérables ont été menottées à leur lit au moment de leur transfert vers un hôpital. Une pratique jugée "excessive et humiliante", et qui "n’est pas nécessaire lorsqu’une femme est escortée par au moins deux membres du personnel".
Enfermement dans des prisons

Une autre pratique est pointée du doigt dans le rapport : celle qui consiste à enfermer des étrangers dans des prisons. Cette dernière "n’est pas conçue pour la détention administrative", rappellent les inspecteurs (...)

Dans ces lieux de privation de liberté, les exilés sont incarcérés avec des prisonniers de droit commun, potentiellement dangereux. De plus, les migrants n’ont pas accès aux services administratifs qui pourraient les aider dans l’obtention d’un titre de séjour. (...)

Enfermer un migrant 23 heures sur 24 "sur des périodes prolongées" dans "des conditions déplorables, avec peu de chances d’être expulsé pourrait constituer un traitement inhumain et dégradant", averti le CPT.

Certains étrangers ayant commis un délit sont en outre maintenus en prison, même après avoir purgé leur peine, au lieu d’être transférés dans un centre de rétention.

"Cruauté institutionnalisée" (...)

Le projet de loi qui prévoit d’expulser au Rwanda les demandeurs d’asile arrivés de manière irrégulière au Royaume-Uni en est une autre démonstration, d’après les humanitaires. Il poste question pour le Comité européen pour la prévention de la torture. (...)