
Au Sénégal, le convoyeur de la pirogue qui avait chaviré en septembre dernier au large de Mbour, avec à son bord une centaine de passagers, a été condamné lundi à sept ans de prison ferme. Ce drame de la migration clandestine, qui avait fait au moins 29 morts et des dizaines de disparus, avait suscité une vive émotion, jusqu’à pousser le président de la République à se rendre sur les lieux.
Lundi 17 juin, Cheikh Sall, organisateur et pilote d’une pirogue ayant chaviré en septembre au large de Mbour, au Sénégal, a été condamné à sept ans de prison ferme. Son complice à deux ans, et tous deux devront verser cinq millions de francs CFA (équivalent à 7 600 euros) de dommages et intérêts aux familles des victimes.
Les deux hommes étaient jugés suite au naufrage d’une pirogue ayant fait au moins 26 morts et des dizaines de disparus, près de Dakar. Ce drame avait ému tout le pays et poussé le président de la République à se rendre sur les lieux du drame. (...)
Lors de la dernière audience, il y a un mois, le procureur avait retenu contre Cheikh Sall ainsi que contre son complice les chefs d’homicide involontaire, trafic de migrants et mise en danger de la vie d’autrui. Mais il n’avait requis que deux ans de prison ferme. Pas suffisant face à la gravité des faits avaient alors estimé plusieurs représentants de la société civile. Le juge du tribunal de grande instance de Mbour leur a donc donné raison lundi.
Dissuader les futurs passeurs
Fait notable : les familles des victimes, en grande majorité proches de Cheikh Sall – qui a lui-même perdu quatre enfants dans la tragédie – ont retiré leur plainte au cours de la procédure, après lui avoir accordé leur pardon. Ce geste n’a toutefois pas modifié l’appréciation du juge, qui a estimé que le retrait des plaintes ne diminuait en rien "la gravité exceptionnelle des faits".
Plusieurs associations de soutien aux migrants interrogées par RFI saluent une décision inédite par sa sévérité, et espèrent qu’elle dissuadera de futurs passeurs.