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Une aide-soignante en Ehpad, qui dénonçait ses conditions de travail, licenciée 3 fois en 6 mois
#Ehpad #souseffectifs #harcelement
Article mis en ligne le 14 avril 2025
dernière modification le 13 avril 2025

Astrid, aide-soignante à la Villa d’Avril, un Ehpad de Saint-Avold (Moselle), dit subir un « harcèlement moral » de la part de la direction de l’établissement, qu’elle accuse de vouloir la faire taire alors qu’elle alertait sur un sous-effectif chronique.

Astrid a-t-elle été licenciée parce qu’elle dénonçait ses conditions de travail ? Voilà la réponse à laquelle devra répondre le juge professionnel des prud’hommes de Forbach (Moselle), ce lundi 14 avril. Pour l’aide-soignante de 59 ans, cela ne fait aucun doute. « Je commençais à déranger donc ils ont trouvé quelque chose pour me mettre dehors », souffle-t-elle. Cela fait huit mois que sa vie a basculé dans un contentieux qui s’éternise où elle a été licenciée à trois reprises en l’espace de six mois. (...)

« Avec la CGT, on a alerté que certains aînés n’avaient pas été changés. Les personnels absents n’étaient pas remplacés. On devait faire le travail de deux voire trois personnes. Cela ne permet pas une bonne prise en charge des résidents », raconte-t-elle. (...)

Ces situations s’accumulant, elle décide d’alerter sa direction. À plusieurs reprises, elle envoie donc des mails, avec une élue membre du comité social et économique (CSE), à ses supérieurs. « Ce matin […] j’ai remarqué qu’aucun résident n’a été changé la nuit. Les résidents sont donc souillés de la tête aux pieds, frigorifiés. Cette négligence m’oblige à faire double travail. […] Il est compliqué pour moi de continuer à travailler dans de telles conditions. Je vous remercie de prendre en compte mon mail », écrit-elle, par exemple. (...)

fin décembre 2024 : le licenciement d’Astrid est refusé. L’inspection du travail juge qu’aucun des griefs soulevé par l’établissement n’est établi. Fin de l’histoire ? Pas vraiment. L’Ehpad décide d’engager un recours auprès du ministère du Travail, et refuse de réintégrer la salariée. « Je pensais retourner au boulot, mais ça ne s’est pas passé comme prévu », confie l’aide-soignante, qui conteste alors cette dispense d’activité et saisit le conseil des prud’hommes. (...)

Une semaine avant l’audience, Astrid reçoit une lettre de la part de son employeur. Elle est mutée à plus de 80 kilomètres de chez elle. (...)

Ce qu’elle dénonce comme un « acharnement » commence alors à avoir d’importantes conséquences sur sa santé. (...)

Astrid, elle, attend avec angoisse cette audience. « Je veux montrer que je n’ai rien fait et que j’ai toujours fait mon travail correctement. » L’union locale de la CGT l’accompagne également dans la procédure. L’aide-soignante conclut : « Sans eux et sans mes deux collègues, je n’aurais jamais eu la force de me battre autant. » Mais elle n’a pas baissé les bras, et, en l’attente du jugement, a déjà représenté sa candidature pour être représentante du personnel dans son Ehpad.