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Blast
Une mystérieuse milice d’extrême droite se prépare à la guerre
#extremedroite #racisme #islamophobie
Article mis en ligne le 27 janvier 2025

Le meurtre de Djamel Bendjaballah, l’éducateur spécialisé tué le 31 août dernier par Jérôme Décofour, l’ancien concubin de sa compagne, révèle l’existence d’une milice armée : la « Brigade française patriote ». Décofour en était un membre actif. Il avait abreuvé la victime d’injures racistes. Blast, après avoir révélé l’affaire, a enquêté sur ce groupe de plusieurs centaines de membres, dont une majorité d’anciens militaires, qui s’entraînent au maniement des armes. Portrait de groupe avant prise de pouvoir (espérée) du RN...

En apparence, c’est une photo de famille tout à fait banale. Jérôme Décofour, l’homme qui a tué Djamel Bendjaballah en lui roulant dessus à trois reprises le 31 août dernier à Capelle-la-Grande (Nord) y pose dans un parc avec ses enfants. Sauf qu’en agrandissant l’image, on s’aperçoit qu’il porte sur sa veste un écusson au design travaillé, frappé de ces trois mots : Brigade française patriote. (...)

Le logo, une sorte de tête de mort stylisée aux dents longues, est un classique de l’extrême droite, selon le journaliste spécialisé dans la symbolique nationaliste Ricardo Parreira. Il s’agit, explique ce spécialiste, du Punisher, un héros des bandes dessinées états-uniennes Marvel, créé en 1974, qui veut venger de sa famille assassinée. Il a par la suite été repris par des suprémacistes blancs, y compris en France, et est parfois utilisé par certains policiers, par exemple à Perrefitte-sur-Seine en 2020, comme le relatait alors L’Humanité.

La Brigade française patriote est inconnue de la plupart des spécialistes de l’extrême droite, mais un chercheur qui travaille sur la mouvance survivaliste s’est intéressé à cette organisation (*). C’est dans le cadre de ses recherches qu’il repère un groupe Facebook dénommé Brigade française patriote (**)

Jérôme Décofour, responsable pour le Nord de la Brigade française patriote

Au sein du groupe, il demande à rencontrer l’un des responsables. C’est ainsi qu’en avril 2021, il obtient un rendez-vous avec « le chef de brigade » pour le Nord. C’est Jérôme Décofour. « Il m’expliquait que son projet était de se retirer dans ce que les survivalistes appellent une base autonome durable [l’équivalent d’une ZAD pour les survivalistes, NDLR], se rappelle l’universitaire. Il pensait que la France était foutue et qu’il fallait se retirer du monde en vivant en autonomie, sans avoir besoin de travailler. Et il était prêt à défendre le pays si celui-ci s’effondrait. Il vivait dans le fantasme du grand remplacement ».

Pour le chercheur, la Brigade française patriote (BFP), « ce n’est pas à proprement parler une milice active à l’heure actuelle car ils en restent au stade de la préparation. Ils sont persuadés qu’une guerre civile est inévitable et qu’il faut s’y préparer ». (...)

ses membres se retrouvent régulièrement pour s’entraîner. Le 16 janvier 2022, un certain Frédéric Q., qui se présente comme son responsable pour la Bretagne et la Normandie, publie sur ses réseaux sociaux des photos d’un rassemblement aux allures de bivouac survivaliste dans un endroit non identifié : sur deux photos, on reconnaît Jérôme Décofour, l’homme qui a tué Djamel. (...)

Violetta (le prénom a été changé), la dernière compagne de Djamel Bendjaballah et ex-concubine de Décofour - qu’elle a quitté en 2021-, confirme l’appartenance active du tueur à la BFP : « Plusieurs fois par an, il allait à des entraînements du mouvement, qui duraient quelques jours. Il passait des heures à discuter avec eux, ça finissait par occuper toute sa vie, il s’est isolé de tous ses amis d’avant. Son racisme devenait de plus en plus obsessionnel, et il était devenu un fanatique des armes. Il en avait une dizaine en état de marche avec des munitions, pistolets et fusils », nous déclare-t-elle. Elle se rappelle aussi que Décofour avait emmené l’un de ses amis à une réunion de l’organisation : « Le type est revenu effrayé, se souvient-elle, il m’a dit que c’étaient des dingues nazis et racistes ». Contacté, cet homme ne souhaite pas parler de cette rencontre aux journalistes, même anonymement. (...)

Interrogé sur l’idéologie du groupe, Vincent B. affirme : « Nous sommes patriotes mais pas du tout d’extrême droite ». Avant d’ajouter : « On s’entraîne et on se prépare car on sait que la guerre civile est inévitable. » Une guerre civile ? Mais contre qui ? « Vous ne regardez pas tout ce qui se passe, tous ces faits-divers, ces Français qui se font tuer ? », lâche-t-il, avant d’abréger la conversation - après avoir confirmé le chiffre avancé par le chercheur cité plus haut d’un effectif de 700 membres.

Le fondateur de la BFP, un ancien de la marine décédé en 2023 (...)

Les publications affichant un racisme ou une islamophobie assumée sont légion, comme chez la plupart des membres (...)

Le tueur est également lié à un groupe néonazi. Le 7 novembre 2021, il recevait par mail un bulletin d’adhésion à l’organisation Alliance France, petite sœur hexagonale du mouvement néonazi belge Alliance Belgique. On ignore si Décofour y a adhéré, mais apparemment l’expéditeur, un certain Teddy Batista, le connaît suffisamment pour l’appeler « Kamarad » (avec un K comme en allemand). Batista est un skinhead néonazi, ancien des mouvements Division nationaliste révolutionnaire et Honneur et Nation.

Les photos que nous avons pu retrouver prouvent sans aucune contestation possible son admiration pour Hitler (...)