
Face aux multiples perturbations au long cours en Loire-Atlantique, s’adapter en favorisant des systèmes alimentaires locaux, sobres en énergie et en technologie, indépendants du pétrole, adaptés aux changements climatiques et respectueux du vivant.
Construire la résilience alimentaire face, entre autres, à la fin du pétrole abondant et bon marché
Si, par le passé, avoir des systèmes alimentaires énergétiquement inefficaces, grâce à l’apport d’une source d’énergie exogène à profusion qu’est le Soleil, ne posait pas problème, il en va autrement de nos systèmes alimentaires contemporains, de véritables puits d’énergie basés sur des ressources condamnées à se tarir. (...)
La fin annoncée du pétrole abondant et bon marché vient remettre en cause nos modes de production et de consommation alimentaires actuels, et sans doute la concentration urbaine des dernières décennies… Face aux multiples perturbations au long cours, les territoires vont devoir s’adapter en favorisant des systèmes alimentaires locaux, sobres (en énergie et en technologie), adaptés aux enjeux climatiques, indépendants du pétrole et respectueux du vivant. (...)
Qu’est-ce qu’un système alimentaire low-tech (SALT) ? (...)
« Un système alimentaire low-tech (SALT), par opposition aux systèmes alimentaires agro-industriels high-tech, est un système alimentaire qui vise, dans une optique de durabilité forte et de résilience collective, à questionner nos besoins réels et développer des solutions de production, de transformation, de transport et de distribution ainsi que de consommation aussi faiblement « technologisées » que possible, minimisant l’énergie requise à la production et à l’usage, utilisant le moins possible de ressources / matériaux rares, n’infligeant pas de coûts cachés à la collectivité.
Chaque sous-ensemble constitutif est basé sur des techniques les plus simples possible, les moins dépendantes possible des ressources non renouvelables et des matériaux composites, sur des produits réparables et maintenables dans la durée, facilitant le réemploi, la réutilisation, le recyclage, s’appuyant sur les savoirs ainsi que le travail humain et animal digne. Le système alimentaire low- tech vise ainsi à remettre en cause les modèles technologiques, économiques, organisationnels, sociaux, culturels.
À ce titre, il est bien plus transformateur que le système alimentaire territorialisé. » (...)
– À quelle échelle travailler la résilience alimentaire ? (...)
, les échelles communale et intercommunale semblent trop petites en raison, entres autres, du besoin de diversité des productions alimentaires, du manque de surface agricole dans les milieux urbains et de la nécessité de prendre compte la probabilité d’un exode urbain. En effet, à l’heure actuelle, si toute la surface agricole utile de la métropole nantaise (12 632 ha) produisait pour ses habitants, celle-ci ne permettrait de nourrir que 4,3 % de la population métropolitaine, soit aux environs de 29 400 personnes (voir le Calculateur surface agricole nécessaire pour nourrir les habitants d’un territoire). En conséquence, les territoires ruraux pourraient se voir être des terres d’accueil des populations métropolitaines qui, face à l’inflation galopante et les pénuries alimentaires à craindre dans les grands centres urbains, n’auront probablement d’autre choix que la quête de surfaces à cultiver dans le but de produire une part de leur alimentation. Ainsi, il conviendrait que les territoires ruraux ne se fixent pas comme objectif d’atteindre seulement la surface agricole nécessaire pour nourrir leurs habitants en fonction du régime alimentaire moyen mais bien de dégager un surplus de surface agricole permettant l’accueil des métropolitains. (...)
La contrainte importante des prochaines décennies sur la capacité des réseaux de transports à approvisionner les habitants des territoires en un temps raisonnable au regard de la durée de vie des produits frais et du coût énergétique de leur livraison pourrait rendre à terme l’échelle régionale quant à elle trop grande – sauf peut-être pour les rares régions disposant, à la fois, d’un important potentiel de transport maritime côtier (cabotage maritime régional), de transport fluvial et de transport ferroviaire. Nous pourrions voir d’ailleurs un retour de la fermentation ou la salaison, ces techniques permettaient de stocker des denrées périssables sur de plus longues périodes et de les transporter sur de plus longs trajets, ce qui a favorisé le commerce à plus grande échelle par le passé. En outre, il n’est pas exclu qu’une partie de notre alimentation puisse être un jour lyophilisée – si tant est que cela puisse se faire de manière low-tech – afin d’exclure le plus possible la part d’eau transportée dans les produits agricoles et alimentaires. À ce propos, soulignons qu’il est peu probable que l’on transporte autant de bouteilles d’eau à l’avenir tant ce flux est un non-sens énergétique et matérielle.
En somme, il est probable que les Départements regagnent, dans les années 2030, en compétences sur le sujet du système alimentaire tant les crises vont être importantes, l’État et les Régions risquant de ne plus pouvoir jouer leur rôle. L’approche de la résilience alimentaire pour le département de la Loire-Atlantique est d’autant plus nécessaire que le territoire fait, malheureusement d’ores et déjà face à de multiples enjeux socio-écologiques. Alors, qui sait, peut-être finira-t-il par être un territoire exemplaire en 2040 ? (...)
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