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À Pantin, un réseau inédit de solidarité aide ceux qui ont faim
Article mis en ligne le 5 mai 2020

En Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France, de nombreux foyers ne mangent pas à leur faim. À Pantin, la mobilisation populaire d’associations et d’habitants, qui livrent des colis alimentaires, est salvatrice.

(...) « Face aux galères provoquées par ce virus, c’était indispensable de mutualiser nos compétences et nos moyens humains, logistiques et financiers pour être plus efficaces, pour aider le plus de gens possible, estime-t-il. Tout ça s’est fait un peu en freestyle, mais avec le souci de soulager la population immédiatement. On n’est pas des professionnels, on est tous dans la difficulté, mais on se remonte les manches. Depuis tout jeunes, on a compris qu’on ne pouvait compter que sur nous-mêmes. » (...)

« Je n’imaginais pas, dit-il, que les personnes que je croisais tous les jours au quartier puissent vivre pareille détresse… On est allés dans des logements où huit personnes dorment dans une même chambre, où les enfants pouvaient à peine faire leurs devoirs. » Au-delà de la crise sanitaire, il craint beaucoup les mois à venir et la crise économique « qui va frapper de plein fouet les quartiers populaires » : « Ici, les problèmes ne vont pas s’arrêter avec le déconfinement. Les familles vont encore manger beaucoup de pain noir, tous les emplois ne vont pas reprendre de sitôt. Les pauvres n’ont aucune réserve pour faire face à une crise durable, il n’y a pas d’échappatoire. Ça ne sent pas bon. » (...)

« Quand on se répartit les secteurs, on est très vigilants au respect de la dignité des personnes : certaines souhaitent voir quelqu’un qu’elles connaissent, d’autres sont plus à l’aise avec des gens qui ne viennent pas de leur quartier », précise Mohamed.(...)

on n’a pas le pouvoir de résoudre tous les problèmes rencontrés par les familles du 93 : sous-équipement dans les hôpitaux, logements surpeuplés, insalubres, pertes d’emploi. Nous faisons tampon pour la première vague de cette crise, mais l’État doit prendre des mesures d’ampleur, dans tous ces secteurs. (...)

« ce qui est révoltant et pourrait justifier le terme d’“émeute”, c’est qu’au-delà d’être abandonnés à leur sort, les habitants du 93 sont gazés, frappés par des policiers qui se prennent pour des cow-boys. L’État, au lieu de distribuer des masques, distribue des brimades, des claques, des blessures, des injustices. Les gens crèvent du virus et de la pauvreté, et l’État alourdit leur peine, sape leur dignité. Normal d’être en colère ! »(...)

« Nous n’avons plus grand-chose mais, Dieu merci, il nous reste la santé et la solidarité des habitants du quartier »