
Un mois après le décès de Mohamed Bendriss, touché par un tir de LBD en pleine poitrine qui a provoqué une crise cardiaque, cinq policiers du Raid ont été placés en garde à vue mardi 8 août. Deux d’entre eux ont été libérés au bout de quelques heures.
(...) Marseille connaît sa deuxième soirée d’émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel à Nanterre, Mohamed Bendriss s’effondre cours Lieutaud, juste devant chez sa mère, où il arrive en scooter. Malgré les efforts des pompiers, arrivés sur place à 1 h 07, puis des urgences de la Timone, où il est admis à 1 h 26, il n’a pas pu être réanimé. Son décès est prononcé à 2 h 05. (...)
Sur son thorax et l’intérieur de sa cuisse droite, les médecins notent deux impacts « en cocarde » de 4,5 centimètres de diamètre, évocateurs d’un « flashball » (aujourd’hui remplacé par le LBD). L’autopsie conclut que ce « commotio cordis » (choc sur le cœur) a probablement causé la crise cardiaque qui a emporté ce jeune homme sans antécédents médicaux, livreur Uber Eats de nationalité algérienne. (...)
L’information judiciaire pour « coups mortels » avec arme ouverte le 4 juillet, confiée à l’IGPN et à la PJ, vise à établir les circonstances du tir. (...)
Selon nos informations, les enquêteurs disposent désormais d’images permettant de localiser les faits rue de Rome, un secteur en proie à des pillages. (...)
Le 31 juillet, les proches de Mohamed Bendriss ont été reçus par la juge d’instruction pour leur première audition en tant que parties civiles. (...)
Le cousin de la victime éborgné la veille (...)
Abdelkarim Y., 22 ans, a été atteint à l’œil gauche par un projectile en passant à proximité de policiers, à l’angle de la rue Saint-Ferréol et de la rue Davso. Il en a perdu l’usage. Le jeune homme explique qu’il s’apprêtait à « tourner dans une ruelle » quand il s’est fait tirer dessus à une dizaine de mètres. Une enquête préliminaire a été ouverte et Abdelkarim Y. a été entendu par l’IGPN le 24 juillet. (...)
les policiers du Raid pourraient également être en cause. La victime décrit des agents « habillés en noir, avec des casques noirs » qu’il n’avait « jamais vus dans Marseille » et reconnaît des camionnettes du Raid sur des images. (...)
« L’ordre qui a été donné de faire intervenir des policiers du Raid, qui n’ont pas vocation à intervenir dans des violences urbaines, est une faute politique grave, réagit Arié Alimi, l’avocat d’Abdelkarim Y. et de la famille de Mohamed Bendriss. Elle a causé des morts et des mutilations. Le fait que deux cousins, d’origine maghrébine, puissent en être victimes à un jour d’intervalle doit interroger sur les critères d’opération du Raid. » (...)
Dans une troisième affaire marseillaise, survenue dans la nuit du 1er au 2 juillet, Hedi R., 22 ans, a été très gravement blessé à la tête par un tir de LBD suivi de ce qu’il décrit comme un « tabassage » en règle. Quatre policiers de la BAC ont été mis en examen pour des « violences aggravées » et l’un d’entre eux, soupçonné d’être le tireur, placé en détention provisoire. Le 3 août, malgré la fronde dans les rangs policiers, la cour d’appel d’Aix-en-Provence a refusé de le remettre en liberté.