
Exploitant le désarroi populaire engendré par l’austérité « hollandaise », un cartel de gros patrons, de notables UMP et d’ultra-régionalistes antirépublicains s’emploie à dévoyer la légitime colère des salariés, des paysans et des petits entrepreneurs bretons. Des ouvriers sont invités par leurs patrons à combattre d’autres ouvriers, certains s’allient à leurs exploiteurs pour demander à la sacro-sainte Europe de maintenir ses subventions salvatrices, pendant qu’à Paris on voit des salariés du bricolage sous influence revendiquer le « droit » de travailler le dimanche… quitte à faire sauter des lois protectrices du travail, des enfants et des familles, qui datent de Jaurès et de 1905.
La colère des travailleurs bretons est-elle légitime ? Oui, elle l’est, car ce gouvernement PS qui avait promis le « changement maintenant » cède à toutes les lubies du MEDEF, rampe devant l’UE de Merkel, matraque le monde du travail comme jamais (blocage des salaires, ANI, nouvelle contre-réforme des retraites, démolition des remboursements maladie, démontage des services publics, casse des communes…) et ne fait rien en réalité pour stopper la désindustrialisation planifiée de notre pays.
La rage des artisans et des petits agriculteurs est-elle justifiée ? Oui ! car en réalité, ce sont les PME qui, comme les salariés, paient l’impôt rubis sur l’ongle pendant que le CAC-40 « optimise » ses contributions, reçoit d’énormes dégrèvements du pouvoir (par ex. sur les cotisations famille), délocalise ses productions… Et pendant ce temps, les milliardaires fuient la France et planquent les milliards acquis en France dans les paradis fiscaux, sans aucune réaction sérieuse des gouvernements successifs.
Faut-il pour autant réclamer, à l’unisson du patronat, la « baisse des charges » (c’est-à-dire de NOTRE salaire différé, sans lequel chacun de nous serait livré pieds et poings liés à la maladie, à la vieillesse, au chômage ?) et réclamer la « baisse des impôts »… des entreprises (ce qui ne laisserait le choix qu’entre fermer les services publics utiles à tous et accroître le matraquage fiscal » frappant les travailleurs et les « couches moyennes » ?).
Faut-il rallier la droite dure, quand ce n’est pas du FN ou des euro-régionalistes, séparatistes et autres ennemis de la République une et indivisible ? Bien sûr que non ! (...)
Quant à la division de la France en euro-régions faisant chacune sa propre loi, elle briserait l’unité du monde du travail, elle enterrerait définitivement l’espoir du « tous ensemble », elle multiplierait les délocalisation à l’interne en mettant les régions en concurrence ; derrière l’apparence de la décentralisation, elle donnerait tout le pouvoir réel à Bruxelles et à Berlin, quand ce ne serait pas à Washington et à l’ « union transatlantique » en cours de construction (...)
Faut-il revenir au symbole du bonnet rouge qu’utilisaient les « besogneux » bretons au 17ème siècle pour s’opposer aux exactions de Louis XIV ? Oui, et encore plus au bonnet phrygien, ce symbole à la fois populaire, patriotique et républicain (coiffé par Marianne, il signifie l’affranchissement des esclaves) qui unifia toutes les luttes contre l’Ancien Régime à l’époque des Sans Culotte triomphant de la monarchie. Encore faut-il empêcher que ce bonnet rouge traditionnellement orné de tricolore ne soit récupéré par la pire réaction.
Et c’est là qu’en réalité, le propos ne peut être pour nous, militants révolutionnaires, de culpabiliser les travailleurs bretons. Est-ce leur faute si la fausse gauche a répudié depuis des décennies le combat de classe anticapitaliste (au profit de l’inconsistant « syndicalisme rassemblé »), la résistance à l’UE de Maastricht (au profit de l’introuvable « Europe sociale »), la contestation radicale de la monnaie unique (au profit de la prétendue « réorientation démocratique de l’euro » !!!), abandonnant à la droite et à la réaction le drapeau tricolore, « ringardisant » la faucille paysanne et le marteau ouvrier, « folklorisant » le bonnet phrygien, désertant la classe ouvrière et rejetant la souveraineté nationale au profit de l’Empire européen ?
Il est plus que temps d’associer à nouveau le combat pour l’indépendance nationale au combat anticapitaliste. Plus que temps de ressaisir nos « outils » rouges et nos symboles révolutionnaires tricolores. Tout autre choix ouvre un boulevard mortel à la pire réaction, à la décomposition du pays, au déshonneur de notre peuple. (...)
les forces qui se réclament du Travail, de la République et du progrès social vont-elles organiser ensemble, dans la rue, pourquoi pas avec le bonnet phrygien pour emblème ???, la riposte aux politiques délétères de l’UE, du MEDEF et du gouvernement Ayrault ?