Après la suppression d’un post posant la fatidique question « Comment fait-on pour que les hommes arrêtent de violer ? », Instagram m’a donné la possibilité de déposer un recours auprès de leur conseil de surveillance. Je partage avec vous le contenu de ma requête.
Depuis quelques jours, une question portant sur la responsabilité des hommes dans les violences sexistes et sexuelles est censurée sur les réseaux sociaux. Vous trouverez un résumé de la situation dans cet article de Numérama. Cette question, je l’ai partagé, et mon post a été supprimé. Puis un second, celui de la photo d’un collage de rue posant la question interdite. Mon compte, de 104 000 abonné.e.s est menacé de suppression. Après plusieurs demande de réexamens, Instagram m’a donné la possibilité de faire un recours auprès d’une sorte de cours suprême indépendante baptisée « conseil de surveillance ». J’ai eu envie de documenter cette démarche dont vous retrouverez les étapes ci-dessous. (...)
C’est dans Le Monde que nous apprenons la mise en route opérationnelle de ce dispositif présenté comme une "structure externe à l’entreprise [qui] va commencer à recevoir des réclamations concernant des contenus retirés des plates-formes Facebook et Instagram.".
Ce conseil de surveillance comprend selon site internet dédié "des membres venant d’horizons culturels et professionnels variés, notamment afin de refléter la diversité de la communauté Facebook elle-même. Forts de leur expérience dans la délibération réfléchie et collégiale, les membres du Conseil de surveillance ont été choisis car ils sont qualifiés pour prendre et expliquer des décisions basées sur un ensemble de règles ou principes et disposent de solides connaissances en matière de contenu numérique et de gouvernance."
Ce conseil n’est accessible qu’après avoir épuisé les recours de l’application. J’ai demandé un reexamen et la suppression de mon contenu est tombée en quelques secondes. C’est très frustrant et je suis contente d’avoir la possibilité, même si les chances que ça aboutisse sont très faibles, de pouvoir "plaider mon cas".
Le motif de la réclamation
Après avoir donné un code d’identification - votre autorisation à contester - il faut choisir le motif de votre réclamation. J’ai choisi "Je pense que ma publication respecte les Règles de la communauté". Règles que j’ai pris le temps de me coltiner auparavant. Je suis donc certaine que mon post n’enfreint aucune règle : il s’agit d’un posté modéré, sous forme d’interrogation. . (...)
Vous devez ensuite répondre à plusieurs questions dans une limite de 2000 caractères . Voici mes répondes : . (...)
Ce qui pose problème dans cette question Comment fait-on pour que les hommes arrêtent de violer ?”, c’est qu’elle lève un tabou : elle met au centre du sujet des violences sexuelles, leurs auteurs majoritaires, le groupe social des hommes qui représente 96% des condamnés pour une infraction sexiste.*
En intervenant dans ce débat, en silenciant cette question, les réseaux sociaux empêchent un débat national nécessaire en France, un pays en retard sur la question des violences sexuelles.
Ce contenu interroge également le double standard en vigueur sur votre réseau social et restitué dans l’article de Numérama : une simple question sur le rôle des hommes dans les violences sexuelles est supprimée, quand des centaines d’occurrences anti-féministes et misogynes sont en ligne : “Le populaire #feminazi a plus de 270 000 publications, #antifeminism plus de 200 000 publications, #fuckfeminism plus 50 000. Aucun n’a été jugé contraire aux règles de la communauté, et Instagram ne considère pas non plus qu’il s’agit de « discours haineux »” . (...)