
« Allez à Avignon. Paris, je sais pas. Nîmes, Toulouse, c’est mieux… mais ici, c’est de la merde, les politiques ne vous aiment pas », lance une femme à deux jeunes originaires d’Afrique de l’Ouest assis sur les marches d’un escalier du squat Saint-Just, à Marseille. La mine dépitée, ils viennent de passer trois nuits à dormir dehors, aux abords de la gare Saint-Charles, et cherchent un abri ; ils disent avoir 16 ans.
Lorsqu’ils sont arrivés en France, depuis l’Italie, ils se sont présentés à l’Association départementale pour le développement des actions de prévention (Addap 13), à laquelle l’Aide sociale à l’enfance (ASE) des Bouches-du-Rhône a confié l’évaluation et la mise à l’abri des mineurs isolés étrangers.
Ils racontent avoir été laissés sans solution : « Ils nous ont posé quelques questions et ils nous ont dit qu’ils ne pouvaient rien faire sauf nous servir de l’eau », dit Alassane (le prénom a été modifié). Alors, lui et son ami sont allés au squat Saint-Just.
Depuis près d’un an, des migrants se sont installés dans un ancien couvent aux murs défraîchis pour échapper à la rue. Ils étaient plus de 300 ces derniers jours, répartis dans quelque 80 chambres. Environ la moitié affirme être des mineurs non accompagnés (MNA). « Chaque jour, deux ou trois personnes se présentent, mais nous n’avons plus de place », explique Isabelle Audureau, membre du Collectif 59 Saint-Just.
« Le dispositif est saturé »
« Il fait froid la nuit, reprend Alassane, ça fait mal. » (...)