
Le ministre de l’intérieur avait commandé à MM. Aribaud et Vignon un rapport sur la situation à Calais. Cette commande résulte d’une demande de Médecins du Monde et du Secours catholique. Plutôt que de promouvoir leurs propositions et de défendre des perspectives élaborées dans un cadre inter-associatif, comme notamment l’idée de « maisons des migrants », ces deux associations ont misé sur une médiation, laissant le ministre définir les termes du débat. Erreur tactique.
Le rapport devait être rendu en mars. Il a en fait été publié le 2 juillet, pour qu’il puisse inclure une justification de la situation nouvelle créée par la concentration de la quasi-totalité des exilés sous la pression de la police dans le nouveau bidonville voulu par l’État.
Il comprend de nombreuses informations générales sur les migrations et les flux migratoires, provenant notamment de l’agence Frontex (agence européenne pour la surveillance des frontières extérieures) et de l’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) qui forment une sorte de tissu de remplissage aux allures de scientificité, sans lien évident avec le reste du propos. Ainsi que des positions et des propositions assumées par les rapporteurs, généralement peu argumentées.
Les rapporteurs ont procédé à de nombreuses auditions. À aucun moment ils jugé utile d’entamer le discussion avec les principaux-ales intéressé-e-s, les exilé-e-s, qui ne semblent pas pour eux devoir être partie au débat.
Le rapport reprend et appuie les positions du ministère de l’intérieur, fermeture de la frontière, répression policière, expulsions du territoire, concentration et mise à l’écart de la ville, éloignement de Calais. Il tente de les faire passer comme un avis impartial et le résultat d’un consensus ou tout au moins d’une tentative de consensus entre les différents acteurs. (...)