
La réforme tarifaire imposée aux CHRS s’inscrit dans une logique d’austérité budgétaire. L’urgence, pourtant plus coûteuse à terme, est favorisée au détriment de la réinsertion.
« Un coup de rabot. » Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité, s’alarme des conséquences de la coupe annoncée de 20 millions d’euros sur le budget des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) pour 2018. Dans le cadre de la réforme de la tarification des CHRS, une économie budgétaire de 57 millions d’euros est planifiée sur 4 ans, dont 20 millions dès cette année. « Appliquée brutalement, cette mesure pourrait conduire à la fermeture de plus d’un millier de places d’hébergement et à la suppression de plusieurs centaines de postes d’intervenants sociaux », alertent, le 5 mars, treize grands réseaux comme la FAS, l’Uniopss, Emmaüs solidarité, dans une lettre ouverte au premier ministre. (...)
. « Il faut parvenir à faire 20 millions d’économies dès 2018, explique Victor d’Autume. Les structures seront averties entre avril et juillet du volume de la coupe par établissement. » La fin de l’année sera difficile et les premières mesures d’économies, concentrées sur les derniers mois, vont toucher essentiellement la masse salariale, donc les travailleurs sociaux.
Aujourd’hui, 43 000 personnes sont hébergées en CHRS. « Cette décision comptable, prise sans aucune étude d’impact, aura des conséquences désastreuses pour les personnes et les associations qui les accueillent, en contradiction avec les objectifs fixés par le président de la République de n’avoir plus aucune personne à la rue », soulignent les grands réseaux dans leur lettre ouverte. Les budgets pour les places d’urgence et d’hôtels sont eux en augmentation : « C’est un choix politique de financer de la mise à l’abri et de l’hébergement d’urgence précaires au détriment de l’hébergement d’insertion », juge Florent Gueguen. Ce choix est, pour lui, « catastrophique » et contraire à la politique du logement d’abord défendue par le gouvernement. À son tour, le 13 mars, le collectif Alerte demande à l’État de revenir sur ces décisions qui privilégient « des solutions court-termistes de faible qualité qui ne facilitent pas l’insertion future des personnes sans-abri ». Le pouvoir, en matière sociale, poursuit décidément un double discours, policé en façade, brutal en actes.