
Vendredi 30 octobre, les Nations Unies ont publié leur une évaluation des engagements nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’autres études sur le sujet ont été publiés ou vont l’être. En voici la synthèse. Conclusion commune : si les Etats ne révisent pas très vite leurs ambitions, le réchauffement dépassera les 2 °C à la fin du siècle.
(...) L’étude de l’ONU : Rapport de synthèse sur l’effet global des INDC
Le 1er octobre 2015, 119 contributions nationales avaient déjà été remises, regroupant les objectifs de 146 gouvernements (l’Union européenne a présenté une seule contribution au nom de ses 28 membres). Agrégées, les émissions de GES de tous ces pays représentent 86 % des émissions mondiales comptabilisées en 2010.
Conclusion de ce rapport : les contributions nationales permettent de ralentir la croissance des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le rapport évalue à 56,7 gigatonnes (Gt) de gaz à effet de serre équivalent CO2 la quantité émise dans l’atmosphère en 2030 si les mesures détaillées dans les contributions nationales sont appliquées. C’est 4 Gt de moins par rapport à un scénario « business as usual », c’est-à-dire sans adoption de mesures particulières de lutte contre le changement climatique.
Mais « les INDC ne peuvent limiter qu’à 2,7 °C la montée prévisible de la température moyenne en 2100 », estime Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC. « C’est beaucoup plus bas que les 4 ou 5 degrés ou plus de réchauffement projetés par beaucoup avant les engagements, mais ce n’est en aucun cas suffisant. »
Climate action tracker : ce qui est sur la table conduit à un réchauffement dangereux de 2,7 °C (...)
C’est plutôt mieux que dans la précédente évaluation du CAT, remise en décembre 2014, qui tablait sur 3,1 °C de réchauffement à la fin du siècle. D’après les chercheurs, cette amélioration tient pour beaucoup à la contribution remise par la Chine, qui a décidé qu’avant 2030, ses émissions liées au pétrole et au gaz naturel plafonneraient.
Un intérêt de cette étude est qu’elle « classe » les contributions nationales – et donc les pays – en fonction de leur niveau d’ambition. Ainsi, selon le CAT, les feuilles de route rendues par l’Australie, le Canada, le Japon, la Nouvelle-Zélande, Singapour, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud et la Russie font dépasser la limite des 2 °C de réchauffement. Le Brésil, la Chine, l’Union européenne, l’Indonésie, le Mexique, la Suisse, la Norvège et les États-Unis sont un peu moins mauvais – ils permettent tout juste de redescendre à 2°C. Le Maroc et l’Ethiopie sont les meilleurs élèves de la classe. (...)
Le 22 octobre, l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) a publié son analyse. Plutôt que de s’intéresser au respect d’un objectif de 2°C à la fin du siècle, elle cherche à identifier « la nature des transitions mises en œuvre par les pays » et à donner des « conseils concrets », explique Thomas Spencer, chercheur à l’Iddri. Pour cela, elle favorise une analyse sectorielle (transports, production d’électricité, etc.).
Selon l’Iddri, l’intensité carbone de la production d’énergie pourrait baisser de 40 % d’ici 2030. Par contre, les Etats continueraient à prévoir beaucoup trop de charbon (50 % de plus que pour un scénario compatible avec 2°C de réchauffement à la fin du siècle). Et pas assez d’efforts sur le déploiement de technologies de captation et de stockage de carbone (CCS). (...)
D’autres évaluations des contributions nationales ont été menées par des ONG, comme la Fondation Nicolas Hulot ou Greenpeace, ou encore par le New Climate Institute – qui calcule les bénéfices que représente l’application des contributions nationales en matière de santé, d’emploi et d’économies.
D’autres seront publiées prochainement : par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Avec, toujours, la même conclusion : c’est pas mal, mais il réduire les émissions de gaz à effet de serre plus vite.