Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Non-Fiction
Condition de la prison moderne
L’ombre du monde. Une anthropologie de la condition carcérale Didier Fassin Éditeur : Seuil
Article mis en ligne le 13 juin 2015
dernière modification le 9 juin 2015

Didier Fassin, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton, présente dans L’ombre du monde, le résultat de plusieurs années d’enquête sur la « condition carcérale » en France. Après avoir enquêté ces dernières années sur la « raison humanitaire » et sur la police de quartier , il poursuit avec cette ouvrage son travail sur la manière dont la société « punit » ses membres dans une perspective « d’anthropologie critique » .

Adoptant d’emblée, en dépit de ce que le titre laisse sous-entendre, une perspective pluridisciplinaire mobilisant tour à tour la philosophie, l’histoire, l’anthropologie, la criminologie et la sociologie, il multiplie les objets et les échelles d’analyse, passant, au fil de l’argumentation, d’un portrait historique des prisons en France depuis le XVIIIe siècle à la description précise de situations d’interaction. Combinant synchronie et diachronie, il s’attarde également sur des comparaisons avec la situation dans les pays voisins de la France en Europe mais aussi, et peut-être surtout, avec les Etats-Unis.

L’enquête, qui s’est déroulée dans une maison d’arrêt, implique la rencontre d’une situation singulière propre à l’établissement et de surcroît différente de celle des centres de détention où sont incarcérées des personnes condamnées pour des peines plus longues. La maison d’arrêt contient ainsi une population de prévenus et de condamnés à de courtes peines entrainant un turn over important dans les effectifs. Notons par ailleurs que l’établissement ici étudié ne contient pas de quartier de femmes. Didier Fassin a procédé à des observations longues et répétées dans l’établissement ainsi qu’à des entretiens avec les détenus et les différents personnels pénitentiaires (gardiens, officiers, directeurs, conseillers SPIP , magistrats et avocats). Il a également compilé de nombreuses données statistiques permettant de remettre en perspective son propre travail empirique.

Sociologie
Couverture ouvrage
L’ombre du monde. Une anthropologie de la condition carcérale
Didier Fassin
Éditeur : Seuil
601 pages /
25 € sur
Résumé : Une enquête au cœur des prisons françaises.
Paul CORMIER
Page 1 2

Didier Fassin, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Institute for Advanced Study de Princeton, présente dans L’ombre du monde, le résultat de plusieurs années d’enquête sur la « condition carcérale » en France. Après avoir enquêté ces dernières années sur la « raison humanitaire » et sur la police de quartier , il poursuit avec cette ouvrage son travail sur la manière dont la société « punit » ses membres dans une perspective « d’anthropologie critique » .

Adoptant d’emblée, en dépit de ce que le titre laisse sous-entendre, une perspective pluridisciplinaire mobilisant tour à tour la philosophie, l’histoire, l’anthropologie, la criminologie et la sociologie, il multiplie les objets et les échelles d’analyse, passant, au fil de l’argumentation, d’un portrait historique des prisons en France depuis le XVIIIe siècle à la description précise de situations d’interaction. Combinant synchronie et diachronie, il s’attarde également sur des comparaisons avec la situation dans les pays voisins de la France en Europe mais aussi, et peut-être surtout, avec les Etats-Unis.

L’enquête, qui s’est déroulée dans une maison d’arrêt, implique la rencontre d’une situation singulière propre à l’établissement et de surcroît différente de celle des centres de détention où sont incarcérées des personnes condamnées pour des peines plus longues. La maison d’arrêt contient ainsi une population de prévenus et de condamnés à de courtes peines entrainant un turn over important dans les effectifs. Notons par ailleurs que l’établissement ici étudié ne contient pas de quartier de femmes. Didier Fassin a procédé à des observations longues et répétées dans l’établissement ainsi qu’à des entretiens avec les détenus et les différents personnels pénitentiaires (gardiens, officiers, directeurs, conseillers SPIP , magistrats et avocats). Il a également compilé de nombreuses données statistiques permettant de remettre en perspective son propre travail empirique.

Des délits et des peines

L’introduction de l’ouvrage comporte deux aspects importants. Il vise d’abord à resituer la situation actuelle des prisons françaises dans une perspective historique montrant que, si l’administration des châtiments s’est progressivement adoucie au profit de l’enfermement qui est aujourd’hui devenu la norme. Pour autant la part des personnes incarcérées par rapport à l’ensemble de la population n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui. Mais il vise aussi à expliciter les visions théoriques et morales de l’enfermement balançant entre une vision répressive et une vision rédemptrice par l’amendement individuel. Il montre ainsi que la politique pénale actuelle tend davantage à s’orienter vers la première optique que vers la seconde.
(...)