
Première journée à la conférence sur le climat pour les parlementaires à Doha, au Qatar, et peu d’avancées en une semaine. Mais qui attend des résultats tangibles de cette conférence – parfois qualifiée de « transition » par la presse ?
Après tout, elle ne traite que de l’essentiel : le maintien de la vie sur Terre à la fin de ce siècle avec une hausse attendue de 5, 6 ou 7 degrés en raison de notre folie collective.
(...) En fait, l’issue à moyen terme de ces négociations – qui pour certains ne sont rien de moins que l’embryon d’un gouvernement mondial – décidera de notre modèle économique, de nos modes de développement et de notre futur commun en tant qu’humanité au cours de ce siècle. (...)
Mais comment se prennent ces décisions ? Tous les textes sont adoptés par consensus et les quelque 2 000 négociateurs qui représentent les 193 pays présents sont soumis à une pression énorme pour « nettoyer » les textes de leurs crochets et réduire le nombre d’options sur la table, afin de permettre aux ministres d’avoir une vue d’ensemble des progrès et des blocages et de se livrer aux arbitrages nécessaires.
Le dur de la négociation commencera donc ce mardi, au moment du « segment ministériel » et s’amplifiera à partir de mercredi soir lorsque les textes issus des divers groupes de travail auront été finalisés, ouvrant la voie à d’intenses marchandages politiques qui dureront tard dans la nuit de vendredi à samedi.
Autrement dit, la gouvernance mondiale, dont est exclue la société civile, est plus que laborieuse. Et que discute-t-on concrètement au regard de l’immensité de ces sujets ? (...)
Concrétiser juridiquement la deuxième période d’engagement sous le Protocole de Kyoto, déjà actée l’année dernière à Durban, et se mettre d’accord sur un calendrier de travail pour les négociations qui devront aboutir à un nouvel accord en 2015 (applicable en 2020).
Les négociations sont divisées en trois pistes de travail principales : le groupe de travail sur le Protocole de Kyoto doit aboutir au lancement d’une seconde période d’engagement du Protocole. En 2011, à l’issue de la conférence de Durban en Afrique du Sud, les sujets qui fâchent ont été laissés de côté et doivent maintenant être réglés pour permettre d’opérationnaliser cette seconde période.
Il s’agit en premier lieu du report ou de l’éventuelle suppression des quotas d’émissions excédentaires de la première période d’engagement, le fameux « air chaud ». L’Union européenne est fortement divisée sur cette question.
La durée de cette seconde période est un autre sujet de discorde. Pour des questions de cohérence de calendrier, l’Union européenne souhaite que cette période s’étale jusqu’en 2020 et l’entrée en vigueur du nouvel accord. (...)
Il est clair que tant que le coût du changement climatique et celui de l’adaptation, que le rapport Stern avait mis sur la table, ne seront pas considérés comme un élément central de la crise économique et financière que nous vivons, les conférences sur le climat resteront cantonnées à un rôle apparemment mineur. Combien de Sandy et de milliards de dollars perdus dans les pays riches faudra-t-il pour que la raison élémentaire l’emporte ?