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Libération
Contre l’extrême droite, se mobiliser encore et toujours
Article mis en ligne le 4 avril 2022

Nous en sommes là… Des identitaires, néofascistes et autres nostalgiques de l’Action française tuent en pleine rue. Malgré la dangerosité de son projet, l’extrême droite est banalisée ; on la voit se hisser dans les sondages comme s’il n’y avait là rien de grave.

La surenchère sur ses sujets, pratiquée dans un large arc de droite, y contribue sans la moindre once de dignité. Bien que plusieurs fois condamné pour incitation à la haine religieuse et raciale, bien qu’accusé de harcèlement et de violences faites à des femmes, un candidat entend briguer la présidence comme si de rien n’était. Ce personnage au programme fascisant a été tout entier construit par des médias, à commencer par l’empire Bolloré – mais tant d’autres l’ont relayé d’abondance. Dans une émission de télévision, on le voit à présent devant des enfants déverser ses visées de « remigration ». Et voilà ce thème aux potentialités criminelles, en compagnie du « grand remplacement », son jumeau mortifère, circulant de média en média entre un bulletin météo et une annonce publicitaire.

La candidate de l’ex-FN, de son côté, avance ses pions impudemment. Rien ne saurait masquer la gravité de son programme : elle aura beau faire mine d’arrondir les angles sur la forme. Ce n’est pas le moindre danger dans la situation : voir une Marine Le Pen se faire passer pour modérée. En cela, elle se trouve bien aidée par un gouvernement qui non seulement reprend ses idées mais veut faire croire qu’elle serait « trop molle » sur certains terrains, comme l’a martelé Gérald Darmanin. Il évoquait là ses fétiches préférés, l’islam et l’immigration, réactivant la fable de l’ennemi intérieur pour mieux détourner l’attention. Mais derrière cette pratique de boucs émissaires, il y a des femmes, des hommes et des enfants qui connaissent le racisme, la violence sociale, les discriminations et la misère. Nous ne nous habituerons jamais à voir des réfugiés mourir sans aucune aide ; des tentes lacérées ; des personnes traitées avec la dernière infamie ; la solidarité criminalisée. L’histoire fera honte à cette barbarie. (...)

Un pouvoir de plus en plus autoritaire gouverne par la répression et les violences policières – cette police elle-même largement tournée vers la droite extrême. Le saccage du vivant par le productivisme capitaliste et le dérèglement climatique à l’ampleur désormais insensée exacerberont les tensions liées aux migrations qui s’ensuivront et, en réaction, la possibilité du fascisme. En cette matière, le péril est immense : il frappe à la porte et peut entrer bien plus vite qu’on le croit. (...)