
Il est grand temps d’en finir avec la résignation. Résignation politique devant le pouvoir de la finance internationale, résignation politique devant une banque centrale européenne aux ordres de la troïka, résignation politique devant les enjeux sociétaux et devant une démocratie à bout de souffle, résignation politique imposée au nom d’un sacro-saint réalisme porté par les auto-proclamés bien pensants qui, parce qu’ils sont justement « réalistes » affirment détenir l’unique solution.
Nul besoin dès lors d’imaginer autre chose, c’est comme ça, un point c’est tout ! L’apragmatisme est devenu indicateur de l’intelligence et, puisque tout le monde est contaminé, l’épidémie d’aboulie passe inaperçue.
Car s’il est impossible de changer les choses, s’il est illusoire d’imaginer un autre monde, s’il est chimérique de vouloir guérir alors à quoi bon donner son avis ? À quoi bon agir ? Il est bien plus préférable de maugréer chez soi. De devenir égoïste. D’avoir peur. De haïr. Préférable de ne plus réfléchir. Préférable de ne plus se sentir concerné. Être résigné et attendre qu’ils continuent de choisir pour nous. (...)
(...) Il reste l’Education Populaire !
C’est désormais le seul outil, c’est désormais le seul levier qui puisse participer à changer le monde. L’éducation engendre l’esprit critique. L’éducation crée le libre arbitre. Elle forme à la citoyenneté. Elle permet de prendre part aux débats. Elle émancipe. Elle rend libre !
Le mal de notre société est qu’elle ne veut pas donner à l’éducation la place qu’elle devrait avoir. Il ne faut plus éduquer. Il est inutile de vouloir comprendre. Non, il faut aujourd’hui se former pour obtenir un métier qui soit, selon Pôle Emploi, en tension ! Au diable la culture. Il faut devenir plombier quand on a besoin de plombiers puis informaticiens quand on a besoin d’informaticiens. Il est de plus et dorénavant inutile de vouloir vivre dignement de son travail puisque avoir un travail c’est déjà beaucoup.
Les résignés sont souvent indignés mais ils sont et restent soumis à cet ordre établi qu’est l’impuissance face au dictat de l’argent et à la tyrannie de l’oppression capitaliste de ce monde.
Nous avons débuté il y a des années le sacrifice de quelques générations en constatant que ces sacrifices, s’ils devaient perdurer ainsi, ne serviraient jamais la construction d’une société plus juste pour les générations futures. Sacrifiées pour sacrifiées il nous appartient aujourd’hui d’avoir le courage de mettre en mouvement les rêves auxquels ceux qui nous gouvernent ne croient plus. À cette fin, la résignation ne nous servira pas et l’indignation ne nous suffira pas.
Eduquons, éduquons et imaginons…