
Ce texte est le premier volet d’une série de deux articles que Guillaume Trémeau, médecin à Lyon, consacre à une réflexion non-conformiste sur les risques systémiques.
...s’il est très probable que "nos sociétés ont du mal à penser le risque systémique" et que "La théorie des systèmes nous apprend que les crises deviennent fatales lorsqu’une complexité croissante se conjugue avec une uniformisation croissante’’, faut-il forcément en déduire qu’il faille fabriquer une sorte directoire du monde pour maintenir un équilibre coopératif entre les nations ?...
il existe un risque fatal lorsque tous les acteurs d’un domaine complexe (c’est-àdire dont on ne comprend pas tous les mécanismes, dont on ne connaît pas tous les facteurs) se dirigent dans une seule direction. Si les prémices sont fausses, c’est l’ensemble du système qui risque de s’écrouler. On passe alors du risque systémique à l’erreur systémique.
La question qu’il faut alors se poser est de savoir pourquoi l’immense majorité des acteurs intervenant dans un système donné s’enfonce dans l’erreur ?...
Deux exemples semblent parfaitement révélateurs à ce sujet : la crise économique de 2008, et le débat vis-à-vis du réchauffement climatique.
...De quelle épidémie ont été frappés tous ces banquiers devenus subitement à la fois cupides et idiots alors que, peu avant, la proportion de cupides et d’idiots ne devait pas différer de la moyenne ?...
...Depuis l’abandon de l’Etalon or en 1971, les banques centrales n’ont plus aucun garde fou à la création de monnaie ; elles peuvent du jour au lendemain doubler une masse monétaire sans que cela leur coûte plus cher que le prix du papier ! Or cet excès de monnaie ne pouvant se résorber par l’augmentation généralisée des prix (concurrence mondiale oblige), elle s’écoule de façon erratique, d’une bulle à l’autre...
...Ainsi une réglementation uniformisante associée à une création monétaire excessive , débridée, non contrôlée, nous a conduit à une erreur systémique dans le domaine complexe de l’économie...
...Dans les deux cas se met en place un cercle vicieux voyant une réglementation de plus en plus contraignante et uniformisante s’associer à un unique remède. Or dans les deux cas le remède, dont la production est encore une fois quasiment illimitée, prolonge le mal tout en l’amplifiant....