Depuis hier, à la suite de leurs expulsions du camp de Villeneuve-d’Ascq,
plus de 150 Roms errent dans les rues de Lille, ne comptant que sur la
solidarité citoyenne et/ou sur les militants-tes syndicaux, politiques, et
associatifs mobilisés pour leur venir en aide.
À deux mois de la fin du
statut transitoire de l’intégration européenne de la Roumanie (1er janvier
2014) qui rendra les Rroms inexpulsables du territoire français (légalement
du moins !), l’État, mais aussi des municipalités de droite comme de «
gauche » continuent de jeter à la rue sans aucune solution de relogement des
familles déjà fortement fragilisées et précarisées (hommes, femmes, femmes
enceintes, enfants, enfants en bas âge, vieillards, malades, etc.).
La réalité, c’est qu’il existe désormais depuis de nombreuses années en
France, un État, hier de droite et aujourd’hui « socialiste » qui est prêt à
partir en guerre à l’étranger (au Mali et en Syrie récemment) pour des
questions « humanitaires », pour sauver une population en « détresse » et/ou
pour « lutter contre le terrorisme », mais qui dans le même temps méprise
ces mêmes impératifs humanitaires en faisant la guerre aux populations les
plus précarisées, les plus en danger humainement, économiquement et
socialement.
Les Rroms, les sans-papiers, les migrants, les immigrés et les populations
des quartiers populaires, l’ensemble des populations précarisées présentes
en France, avec ou sans statut administratif, avec ou sans emploi, n’aspirent
qu’à vivre dignement et en paix dans ce pays.
Les situations de l’ensemble
des populations fragilisées et précarisées, en France ou ailleurs, ne sont
pas dues au hasard, à la malchance, à l’incapacité ou au manque de volonté
des personnes. Elles sont le fruit de politiques conscientes et assumées,
que l’ensemble du mouvement citoyen et progressiste doit dénoncer et
combattre. Les choix économiques ultralibéraux ne connaissant comme loi que
la maximisation du profit conduisent inévitablement à cette société
inhumaine qui envoie ses CRS contre les plus démunis.
À tous ceux et toutes celles qui se croient aujourd’hui protégés ou non
concernés, par les situations de discrimination, d’oppression, d’exploitation
de ses populations démunies, nous adressons un message simple : gare au
réveil douloureux si nous laissons faire sans réagir. Il n’y a aucune raison
objective pour que la logique de répression actuelle s’arrête aux Rroms, aux
musulmans ou aux sans-papiers. Aujourd’hui boucs émissaires "facile", ces
groupes ne sont que le banc d’essai des logiques qui s’étendront demain à
tous. Nous sommes en majorité en sursis, nous NE sommes en majorité que les
Rroms, les sans-papiers, les immigrés et les quartiers populaires de demain.