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les mots sont importants
Du sexisme et de l’homophobie dans le rap... et en dehors
#sexisme #homophobie
Article mis en ligne le 26 décembre 2022
dernière modification le 25 décembre 2022

« Les mots sont importants, que ce soit comme moyen d’ascension sociale ou comme issue à la souffrance à la misère. Le discours permet de dénoncer comment la pauvreté marque des quartiers et des communautés. Il permet d’affronter l’omniprésence de l’idéologie suprémaciste blanche qui refuse de reconnaitre notre humanité. » Ces propos de Michael Eric Dyson sont extraits d’un passionnant livre d’entretiens sur le rap, intitulé Know what I mean ?. Son auteur, Michael Eric Dyson, est sociologue, pasteur, militant progressiste, et a publié depuis trois décennies de nombreux essais autour sur la question noire aux États-Unis, sur l’héritage de Martin Luther King et de Malcolm X, mais aussi sur Marvin Gaye [1], sur Tupac, Nas ou encore Jay-Z. Know what I mean ? s’ouvre sur une vibrante apologie de la culture hip hop, de sa légitimité et de sa richesse tant sur le plan esthétique qu’éthique et politique.

Le plaidoyer qu’il propose en faveur d’une pleine et entière inscription de cette culture dans l’ensemble plus vaste des cultures et des luttes afro-américaines n’élude toutefois aucune « question qui fâche ». La question de la violence, notamment, et plus précisément celle de la violence sexiste et homophobe, occupent une grande partie de l’ouvrage. Dyson les aborde frontalement, en évitant aussi bien la dénégation ou la minimisation des problèmes que l’excès de focalisation et d’exotisation : attentif aussi bien aux singularités qu’aux continuités entre « le monde du rap » et les « macro-mondes » plus vastes qui l’ont vu naître (« la communauté noire » bien entendu, mais aussi, bien au-delà, la société américaine et son élite blanche, elles-mêmes profondément – presque matriciellement – travaillées par la violence et l’hétérosexisme), il dénonce sans complaisance toutes les persistances et toutes les réactivations de ces dominations dans le rap, tout en rappelant sans relâche le double standard raciste qui structure le débat public américain autour du sexisme et de l’homophobie – suivant que l’on sera rappeur, prédicateur, essayiste ou « entrepreneur », blanc ou noir. D’un bout à l’autre de sa réflexion, Dyson tient ensemble les deux bouts de la chaîne : prise au sérieux de la lutte anti-sexiste, refus de son instrumentalisation raciste, sans qu’aucun de deux n’aboutisse jamais à l’effacement de l’autre (...)