
Le gouvernement italien maintient la pression pour faire avancer le projet de LGV Lyon-Turin. Dans la vallée de Suse, là où doit être creusé le tunnel, l’armée se comporte en force d’occupation face à la résistance des habitants. Une grande manifestation a lieu à Rome samedi 19 octobre.
– Reportage, Vallée de Suse (Italie)
En parcourant la vallée de Suse, entre Turin et le tunnel du Frejus, où se situe le chantier de la LGV Lyon-Turin, on ne voit pas de grues, de camions ou de bétonnières. Le chantier est en fait bien caché. Son entrée se présente comme un grille d’acier, derrière une courbe de l’autoroute A32 qui conduit en France. Elle se niche dans le bois de Salbertrand, à 25 kilomètres au nord du village de Suse. Mais on peut ni s’y garer, ni s’y arrêter, ni descendre. Le lieu est défendu jour et nuit par une nuée de policiers et nombre de soldats.
Naguère vallée calme et touristique, la vallée de Suse ressemble maintenant à une zone de guerre. « Depuis plusieurs mois, 400 militaires anti-émeute surveillent les travaux dans un territoire où la ville la plus importante ne compte pas plus de 7 000 habitants », explique à Reporterre Doriana Tassotti, activiste du mouvement No TAV, qui regroupe les opposants italiens au projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin. « Il y a des barrages de police partout. On peut être contrôlé jusqu’à quatre fois par jour. Il s’agit d’une vrai militarisation de la vallée. Mais, surtout, c’est la preuve que l’Etat ne veut pas dialoguer. Il a choisi les armes et les matraques ».
« Les policiers font aussi des perquisitions dans nos habitations. Mon restaurant a été fouillé », raconte Nicoletta Dosio, enseignante retraitée qui lutte depuis vingt ans contre la LGV. (...)