
Quasi absente du « cap » évoqué par le chef de l’Etat dans son allocution – hormis une brève et lapidaire référence à la fiscalité écologique – la conférence environnementale des 14-15 septembre conditionnera pourtant la vie, la soutenabilité du modèle économique et social de notre pays, pour les générations actuelles et futures. Force est de constater, si l’on s’en tient strictement aux paroles de François Hollande et au plan de redressement tel qu’il est présenté aujourd’hui, que l’environnement fait, toujours et encore, figure de domaine résiduel et déconnecté des priorités présidentielles… S’achemine-t-on alors vers un « sous Grenelle » ?
(...) Observons d’abord la phase de préparation et d’élaboration cette conférence, annoncée sur le même mode opératoire que le Grenelle et la même organisation que la conférence sociale. Si, d’un côté, on peut saluer l’intégration de parlementaires, et d’élus de divers horizons, en revanche de nombreuses maladresses se sont produites lors de l’invitation des réseaux agréés, acteurs institutionnels, économiques et associatifs. Qui peut ainsi croire à une réelle éthique de la discussion lorsque, tout à la fois, la Ministre de l’écologie annonce placer au cœur de la conférence le sujet de la qualité de l’air, et en même temps, à une dizaine de jours de des débats, ne pas avoir convié officiellement la fédération nationale des agences agréées pour la qualité et la surveillance de l’air, et ne pas avoir balisé non plus le contenu des discussions. (...)
L’enjeu de la conférence environnementale serait de poser sur la place publique des difficultés, blocages et barrières propres au fonctionnement de l’administration française, pour pouvoir y remédier. Pour exemple, citons la situation de la filière des éco matériaux biosourcés comme la ouate de cellulose, dont les avis techniques ont failli être supprimés par une instance liée au Ministère du logement en mai dernier, sous la pression de lobbys industriels. Même si un report de la suppression des avis techniques a été décidé, la réalité vécue par les PME-PMI positionnées sur une filière en plein essor n’est en pas moins injuste et préoccupante (...)
Cristallisant le plus d’attentes et de crispations, la table ronde sur la transition énergétique semble enfin assez mal engagée. Dès fin août, des Ministres d’Etat communiquent déjà sur des orientations liées au mix énergétique et à la part du nucléaire, créant la polémique et fermant le débat. Doit-on invoquer une simple erreur de communication, ou au contraire à la distillation volontaire d’éléments de langage tout droits issus d’un rapport du Conseil en Analyse Stratégique, confié par le Premier Ministre au Président honoraire d’EDF ? Ce rapport, publié le 28 août, pose le nucléaire en filière d’excellence et d’avenir, seule capable d’assurer l’objectif prioritaire d’une énergie « peu chère ». Les énergies renouvelables y sont vues comme un secteur porteur, mais secondaire ; les inconvénients tels que l’intermittence sont majorés. Contestable sur le fond, ce rapport l’est autant sur la forme, ne serait-ce que sur le panel d’acteurs auditionnés (pas de PME, pas d’usagers). (...)
A quelques jours de l’ouverture de la conférence environnementale, les signaux délivrés ne sont pas des plus optimistes…mais un changement de cap est toujours possible !