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le Monde Diplomatique
Féminisme et écologie, un lien « naturel » ?
Article mis en ligne le 19 novembre 2011
dernière modification le 15 novembre 2011

Augmentation des accouchements à domicile, odes à l’allaitement… Ces dernières années, la montée en puissance de l’écologie a modifié la façon d’envisager la maternité. Au-delà des remises en cause de la surmédicalisation ou des lobbies industriels, on voit parfois poindre l’idée controversée d’une « nature féminine ». Un débat qui, aux Etats-Unis, dure depuis déjà vingt ans. (...)

Les femmes sont-elles plus « vertes » que les hommes ? Ont-elles un rapport particulier à la nature, ou un point de vue privilégié sur les problèmes d’écologie ? Ces dernières décennies, des femmes qui se disent féministes ont répondu à cette question par l’affirmative.

En fait, cette position date pratiquement de l’apparition du mouvement écologiste moderne. (...)

Il y a des millénaires, Aristote définit la rationalité comme masculine ; les femmes, pensait-il, étaient moins aptes à raisonner et, de ce fait, moins humaines. Au cours des deux millénaires qui suivirent, la culture européenne avait considéré les femmes comme intellectuellement déficientes, et, suivant en cela les préceptes de la Genèse, avait cherché à dominer la Terre. Puis les Lumières, autre projet apparemment masculin, avaient trouvé de nouvelles manières de ravager la nature au moyen de la science, de la technologie et des usines. Les auteurs de cette destruction de l’environnement étaient des hommes qui réduisaient la nature à un ensemble de ressources qu’ils pouvaient exploiter et transformer en marchandises. Le projet des Lumières, en cherchant à soumettre la nature tout en glorifiant la raison, détruisait la planète, selon la philosophie du New Age et de l’écoféminisme. Telle était la thèse d’auteurs comme Frijtof Capra ou Charlene Spretnak (5).

Mais les femmes, disaient les féministes des années 1970, avaient les mains propres. Et le monde avait besoin de moins de rationalité destructrice de la nature (...)

cet intérêt a eu pour mérite de mettre en lumière les façons particulières dont la destruction de l’environnement affecte les femmes. Lorsque des terres agricoles productives sont converties à la monoculture, celles-ci, qui pratiquent massivement l’agriculture de subsistance, sont transférées sur des coteaux où les terres sont moins fertiles, ce qui entraîne la déforestation et l’érosion des sols et les voue à la pauvreté (9).

Le changement climatique frappe également les femmes au premier chef : l’infériorité de leur statut et de leurs différents rôles sociaux accroît leur vulnérabilité aux tempêtes, incendies, inondations, sécheresses, canicules, maladies et pénuries alimentaires. Chaque année, selon un rapport du Women’s Environmental Network (WEN), une organisation basée au Royaume-Uni, plus de dix mille femmes trouvent la mort dans des désastres liés aux bouleversements du climat, contre quatre mille cinq cents hommes. Les femmes représentent 80 % des réfugiés de catastrophes naturelles ; sur vingt-six millions de personnes qui ont perdu leur habitation et leurs moyens d’existence en raison du changement climatique, vingt millions sont des femmes (10).
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