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Fiasco du marché du carbone : qu’attend la France pour agir ?
Article mis en ligne le 12 novembre 2015

Le marché du carbone devait permettre selon ses promoteurs d’accélérer la transition énergétique. Après dix ans de fonctionnement, il a montré toutes ses limites. Il est temps de remettre ce sujet sur la table des négociations climatiques, défend Jean-Michel Naulot, ancien banquier et membre du collège de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Et d’envisager une véritable taxe, pour sortir de l’inaction face au réchauffement climatique.

Pour le moment, tous les experts admettent que les contributions remises ne permettent pas de respecter l’objectif d’un maintien du réchauffement inférieur à 2 degrés. La Chine qui représente 26% des émissions mondiales de dioxyde de carbone n’envisage d’inverser la courbe qu’en 2030. Les Etats-Unis qui représentent 15% des émissions se fixent enfin un objectif mais restent très évasifs sur les moyens. L’Australie, le Canada (avant l’alternance), la Russie, l’Inde déçoivent fortement. Les pays du Moyen Orient se tiennent à l’écart.

Quant à l’Europe qui se flatte d’avoir réduit de 19% ses émissions depuis 1990 et qui se propose d’atteindre 40% d’ici 2030, elle omet d’apporter quelques précisions qui relativisent ses efforts : les pays de l’Est, qui reviennent de très loin en matière d’émissions, ont été intégrés dans le périmètre d’origine de l’UE pour calculer la réduction des émissions, les grands groupes énergétiques européens ont délocalisé massivement ces dernières années, la zone euro est en croissance zéro depuis 2008.
Le tour de passe-passe de l’aide publique au développement

Certes, avec 77 milliards de dollars, les fonds mobilisés par les pays du Nord pour aider ceux du Sud ne sont plus très éloignés de l’objectif de 100 milliards fixé à Copenhague. Mais, là aussi, la communication est habile.

Le Fonds vert pour le climat, seule partie soumise à une vraie gouvernance Nord-Sud, ne représente que 10 milliards de dollars. Le reste est une agrégation de fonds d’origines multiples : aides publiques multilatérales et bilatérales, crédits privés, financements des banques de développement internationales et même crédits export…

La France elle-même n’est pas exempte de critiques : depuis cinq ans, l’aide publique au développement n’a cessé de diminuer (...)

Au minimum, la France pourrait proposer à ses partenaires européens d’annuler les surplus de quotas au lieu de les reporter, de supprimer l’allocation de quotas gratuits, déstabilisante et totalement inefficace, et surtout de prendre dès maintenant l’engagement de basculer du marché du carbone vers une taxe carbone en 2020 si d’ici là le prix du carbone ne se redresse pas au-dessus de 30 euros. Cette taxe serait applicable aux frontières de l’Union pour éviter les concurrences déloyales. La France doit aussi revenir sur l’exonération de la Contribution climat énergie pour les sites industriels couverts par le marché du carbone européen. Cette mesure ne dépend que d’elle.

C’est maintenant, au moment où le réchauffement climatique est au centre de toutes les discussions, où l’attente des citoyens est extrêmement forte, qu’il faut mettre ces sujets sur la table des négociations européennes. (...)