Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
La Riposte
France Télécom : le témoignage d’un syndicaliste
lundi 26 octobre 2009
Article mis en ligne le 29 octobre 2009
dernière modification le 28 octobre 2009

J’ai lu et entendu beaucoup de choses sur les suicides chez France Télécom. Retraité depuis peu de cette entreprise, j’ai vu et connu la détresse de mes collègues. Dans mon établissement, à Nice, j’ai été délégué du personnel CGT et secrétaire du Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT). J’écris donc en connaissance de cause. Tous les jours, comme syndicaliste, j’étais confronté à l’impact désastreux des choix stratégiques et financiers de l’entreprise sur ses salariés.

...Au vu de ce qui se passe à France Télécom, c’est devant les tribunaux que des dirigeants d’établissements devraient se trouver. Des mesures destinées à améliorer les conditions et la sécurité du travail ont été régulièrement votées, en CHSCT, devant les délégués du personnel. Mais elles avortaient avant même d’être appliquées. Lorsque nous dénoncions ces faits, verbalement ou par écrit, nous ne trouvions aucun écho, ni en interne, ni auprès des pouvoirs publics (direction du travail, ministre de tutelle, gouvernement)...

Le mal vient de très loin. Depuis le démembrement des PTT et la privatisation de l’entreprise, le personnel a dû accepter des baisses de son pouvoir d’achat, des suppressions de postes, la mobilité, les vexations et les humiliations. Le salarié était sommé de se taire, car « il y a plus malheureux que lui » – et que, « fonctionnaire », il a la garantie de l’emploi. J’ai souvent entendu : « si tu n’es pas content, tu vas voir ailleurs. Change de métier... ». Cela a rongé et détruit beaucoup de gens...

Démunis face au stress des agents, les médecins du travail ont systématiquement alerté nos directions. Mais ils ont été ignorés. Leur indépendance est d’ailleurs régulièrement menacée. ...

A 55 ans, malgré ma bonne santé, j’ai décidé de quitter cette boite avec – du fait de la loi Fillon sur les retraites – une piètre pension, surtout comparée à la retraite dorée qui attend Didier Lombard. Mais pendant 36 ans de travail chez FT, j’ai consacré mon énergie à défendre le salarié contre le patron, l’exploité contre l’exploiteur. Je ne vous salue pas, Monsieur Lombard. Je ne suis pas devenu votre valet. Je suis resté un homme libre.

Modeste Alcaraz (PCF et CGT, à Nice)