Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
le Monde Diplomatique
Groupe SOS, l’ogre qui dévore le monde associatif
#servicepublic #groupeSOS
Article mis en ligne le 1er janvier 2023

En trente ans, le Groupe SOS s’est imposé comme la figure majeure de l’entrepreneuriat social en France. Avec des méthodes inspirées du privé, il dévore de nombreuses structures dans les champs de l’exclusion, de la protection de l’enfance ou des résidences pour personnes âgées. Proche du pouvoir, son patron Jean-Marc Borello s’érige en modèle et inquiète le monde associatif.

Le 5 mai 2015, dans la bourgade de Magny-Cours, au sud de Nevers, les maires de cinq communes votent à l’unanimité le transfert de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Les Feuillantines au Groupe SOS. Deux ans plus tard, le village d’enfants de Châtillon-en-Bazois entame sa filialisation au sein du même groupe qui, la même année, reprend la gestion du nouvel Ehpad privé associatif Le Clos, à Saint-Saulge. Depuis, plusieurs structures de la Nièvre sont tombées dans son escarcelle : service social d’aide à domicile et lycée professionnel agricole de Saint-Saulge, Ehpad de Nevers, etc. Une « maison éducative à caractère social » doit voir le jour d’ici à 2024.

Le bourgeonnement nivernais illustre la croissance dans l’Hexagone d’un groupe présenté souvent comme « la plus grande entreprise sociale en Europe ». Né à Marseille en 1984 sous le nom de SOS Drogue International, il connaît un développement fulgurant ces dernières années : il est passé de 4 000 salariés et 220 établissements en 2010 à 22 000 salariés dans 650 structures en 2022. Les activités du Groupe SOS se sont étendues : protection judiciaire de la jeunesse, petite enfance, transition écologique, insertion par l’activité économique, solidarité internationale, santé, vieillesse et même culture — comme en témoigne la récente tentative, avortée, de reprise du cinéma La Clef, à Paris.

Avec une croissance annuelle moyenne de 17 % depuis 2007 et de 11,5 % en 2021, le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élève aujourd’hui à 1,26 milliard d’euros. La dernière feuille de route interne ambitionne de le multiplier par deux d’ici à 2025. Aux sources de cette expansion, on ne trouve aucun actionnaire, mais beaucoup d’argent public (...)

Lire aussi : (wikipedia)

Groupe SOS

(...) Selon Le Monde, le conseil d’administration ne se réunirait que trois ou quatre fois l’an et n’aurait qu’un rôle mineur, tandis que le pouvoir effectif serait concentré entre les mains du président et de quelques dirigeants du groupe, liés pour certains d’entre eux par des relations affectives ou familiales. Le président de l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux juge que « cette absence de contrôle démocratique, de contre-pouvoir, pose problème dans un domaine comme l’action sociale ».

En 2016, l’université d’Harvard réalise une étude complète sur le groupe, qualifié de « plus grande entreprise sociale française ». Elle publie la liste des 36 membres des conseils d’administration (magistrats, médecins, hauts fonctionnaires, chefs ou cadres d’entreprise ou responsables associatifs) en précisant qu’ils définissent les grandes orientations du groupe, appliquées au quotidien par un directoire, présidé par Jean-Marc Borello, fondateur du groupe, ancien président du Mouvement des entrepreneurs sociaux. (...)

En une trentaine d’années, le Groupe SOS s’est constitué un patrimoine immobilier évalué en 2018 à 500 millions d’euros et détenu par sa filiale à statut coopératif Alterna et qui représente essentiellement les murs des établissements du Groupe SOS(hôpitaux, maisons de retraite, structures sociales, entreprises d’insertion, établissements culturels, etc.).

Le groupe affirme que c’est parce qu’il a réussi à devenir propriétaire de son immobilier qu’il a pu créer des activités sociales dont les propriétaires ou bailleurs ne voulaient pas3

L’Agence nationale de contrôle du logement social (ANCOLS) a relevé que quatre dirigeants avaient bénéficié en 2004 de conditions très avantageuses pour acheter des appartements faisant partie de ce patrimoine immobilier, certains étant destinés au départ à du logement social (...)