
Isabell travaille dans un hyper marché depuis cinq ans. Après un arrêt de trois mois pour dépression, je la vois en visite de reprise du travail. Elle m’explique qu’au début tout se passait bien, son travail était reconnu.
Engagement syndical
Mais très vite elle a constaté que les chefs se « comportaient mal » avec des collègues. « Ils ont voulu faire du nettoyage, je ne trouvais pas ça normal, me confie-t-elle en sanglotant. J’ai vu des pères et des mères de famille se faire virer sans raison. »
Isabelle décide de s’engager syndicalement pour défendre ses collègues. Elle a été sidérée par le changement de comportement des chefs. Elle a été mise au placard : ils ont tout fait pour l’isoler de ses collègues, la contredisaient systématiquement en réunion.
Fini les promotions
Fini les évolutions de salaire et les promotions. Elle voit ses horaires de travail changés du jour au lendemain, des jours de vacances refusés…
Elle répète « ne plus avoir la force de continuer ». « J’ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ils sont prêts à me faire sauter la tête », affirme-t-elle en pleurant.
Devant la persistance d’un syndrome anxio dépressif, je ne laisse pas Isabelle reprendre le travail.
Une promesse de devenir chef
Deux jours plus tard, je vois à sa demande Eric. Il travaille dans le même hyper marché qu’Isabelle depuis trois ans. C’est elle qui l’a conseillé de venir me voir.
Eric raconte qu’au début tout se passait bien, son travail était apprécié. On lui avait promis qu’il deviendrait chef très vite.
Mais Eric a des difficultés à se faire payer des heures supplémentaires, constate que les chefs se comportent mal avec des collègues, les licenciant sans raison apparente.
Face à ce sentiment d’injustice, il décide lui aussi de s’engager syndicalement. collègues.
« Avec cette étiquette tu ne peux prétendre à rien » (...)
Samir m’explique avoir été sollicité par des chefs pour remonter une section syndicale qui était en sommeil, afin de pouvoir contrer le syndicat auquel Isabelle et Eric appartiennent.
« Les chefs m’ont fait miroiter dialogue et compromis social », témoigne-t-il. Au début Samir dit y croire mais rapidement, il a compris que la direction se « fichait de lui », et que le rapport de force était tel qu’il n’obtiendrait rien.
Lui aussi refuse de s’arrêter
Alors il a décidé de devenir « offensif ». Il s’est mis à dénoncer le management qu’il juge sévère et injuste, à contester les élections professionnelles et à mettre en lumière tous les problèmes de sécurité.
Et il change de syndicat pour se joindre à Isabelle et Eric. L’histoire se répète.
Samir présente un syndrome anxio dépressif. Il estime que « les salariés ont besoin de [lui] » . Je lui conseille de s’arrêter il me répond que ce n’est pas possible, que son amour propre est en jeu.
Bien sûr… Mais ce n’est pas si simple
Bien sûr ces trois salariés ont contacté depuis longtemps l’inspection du travail et plusieurs affaires sont en justice. (...)