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Reporterre
La Guyane ébranlée par un nouveau projet de mégamine à ciel ouvert
Article mis en ligne le 16 juillet 2020

Après la Montagne d’or, les opposants guyanais à l’industrie minière doivent repartir au combat. La commission départementale des mines a rendu un avis favorable à une nouvelle mégamine d’or à ciel ouvert, nommée Espérance. Une preuve de plus du blanc-seing donné aux industriels de l’extraction minière par l’État.

Il aura fallu moins d’un an pour qu’un nouveau projet de mine d’or industrielle fasse parler de lui en Guyane. En mai 2019, le gouvernement rejetait le projet controversé de la Montagne d’or ; en avril 2020, un projet d’une envergure comparable inquiète déjà ceux qui se mobilisent contre l’extraction industrielle de l’or. Il s’appelle Espérance, du nom du site où il se trouve dans l’ouest de la Guyane, à une dizaine de kilomètres du fleuve Maroni, frontière avec le Suriname et bassin de vie de dizaines de milliers d’habitants. But de l’opération : l’extraction de vingt millions de m3 de roches pour creuser une fosse de 300 mètres de profondeur, sur 1,5 km de longueur pour un premier gisement évalué à 65 tonnes d’or.

En Guyane, les projets d’exploitation de gisements d’or primaire sont légion. Les groupes miniers préparent « la grande braderie » du territoire, à des stades plus ou moins avancés. C’est souvent leur passage en commission départementale des mines qui met en lumière leur degré d’avancement. (...)

Ce vote pour un projet dès à présent estampillé « Montagne d’or bis » a entraîné une levée de boucliers. Trois jours après la commission, le collectif Or de question, constitué il y a près de quatre ans pour lutter contre le projet de la Montagne d’or, tenait à Cayenne une conférence de presse pour réitérer son opposition aux mégamines. Les médias métropolitains ont largement repris la nouvelle, obligeant la ministre de la Transition écologique Élisabeth Borne à écrire un tweet affirmant qu’elle s’opposerait « à tout projet qui ne prendrait pas en compte nos exigences environnementales », faisant sienne l’expression forgée par son prédécesseur François de Rugy à propos de Montagne d’or. Le 23 mai 2019, à l’issue du premier conseil de défense écologique et à trois jours des élections européennes, il parlait de « l’incompatibilité du projet actuel avec les exigences de protections environnementales ». Sauf qu’un an après cette sortie largement médiatisée, il est difficile de savoir ce que signifie concrètement cette formule.

Quelles sont les exigences environnementales de la France en termes d’exploitation minière en contexte guyanais ? Le nouveau « délégué mine - coordinateur pour les projets miniers » auprès du préfet de Guyane ne nous a pas fourni de réponses. (...)

Interrogé par Reporterre, le ministère de la Transition écologique et solidaire a botté en touche. (...)

Le ministère ne ferme donc pas la porte à l’exploitation industrielle de l’or de Guyane sous forme de mégamine à ciel ouvert nécessitant le recours à la cyanuration. C’est ce que prévoyait le projet de la Montagne d’or et c’est à quoi devrait ressembler celui d’Espérance.