
Des chercheurs néerlandais ont établi une cartographie à l’échelle mondiale de l’impact de cette pratique sur la taille des populations animales.
A l’ombre de la canopée, la chasse sévit et détruit, réduisant progressivement la forêt au silence. Les conséquences de cette pratique sur les populations de mammifères sont déjà bien visibles dans près de la moitié des zones tropicales forestières de la planète, selon les résultats d’une étude publiée mardi 14 mai dans Plos Biology.
« Même dans les forêts que l’on pensait intactes d’après les images satellite, la faune est affectée par la chasse », déplore Ana Benitez-Lopez, écologue à l’université Radboud (Pays-Bas) et première auteure de l’étude. En réalisant une cartographie, inédite à l’échelle mondiale, du niveau de « défaunation » causée par la chasse, les chercheurs ont souhaité attirer l’attention sur un phénomène encore trop peu pris en compte dans les diverses estimations de l’état global de la biodiversité. (...)
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sous les tropiques, le déclin des mammifères, toutes espèces confondues, s’élève à 13 % du seul fait de la chasse. Si les tout petits animaux sont relativement épargnés, la perte est de 27 % pour les mammifères de taille moyenne (entre 1 et 20 kg) et de 42 % pour ceux de plus de 20 kg. L’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale, l’Amérique latine, le nord-ouest de l’Amérique du Sud et certaines zones de l’Asie du Sud-Est figurent parmi les régions les plus touchées. Au Cameroun par exemple, plus de la moitié des espèces de mammifères ont été amputées d’au moins 70 % de leurs effectifs (...)
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Les big five ou big 5 sont un ensemble de cinq mammifères africains mis en avant par les autorités touristiques dans le cadre des safaris photographiques ou de chasse aux trophées. (...)
La faune d’Afrique fait les frais de cet abattage « sportif ». Entre 1860 et 1930, entre 25 000 et 100 000 éléphants sont chassés chaque année ; le nombre de rhinocéros et de lions s’effondre ainsi que celui des buffles et des léopards. Dans les années 1930, les autorités créent les premiers parcs nationaux où la chasse est strictement interdite. Cependant le déclin persiste, et un moratoire d’interdiction total de la chasse est adopté en 1973. Mais la raréfaction des grands chasseurs laisse le champ libre aux braconniers, et les années 1970-1980 sont marquées par la guerre de l’ivoire, le trafic de cornes de rhinocéros, de peaux de léopard, etc. Les « Big Five » sont décimés à grande échelle ; certains frôlent l’extinction. En Tanzanie, on voit 80 % des effectifs d’éléphants disparaître. Dans les années 1980, États et associations se portent au secours de la faune, sauvant même des espèces quasi-moribondes. Au début du XXIe siècle, l’avenir des grands animaux d’Afrique reste toujours préoccupant.
Pour les safari de chasse, 16 400 étrangers sont venus en Afrique entre octobre 2006 et octobre 2008 dépenser plus de 70 millions d’euros selon l’Association des chasseurs professionnels d’Afrique du Sud. L’exportation des trophées de chasse a augmenté de 1 500 pièces en 2000 à 4 000 pièces en 2008. L’engouement pour la chasse au gros gibier a entraîné le développement d’enchères aux animaux sauvages (Wildlife Auctions) organisées par les réserves où les animaux sauvages sont vendus au plus offrant (un rhinocéros peut atteindre 42 000 euros)2. (...)
Les safaris peuvent être atteints de dérives graves pour le bonheur de riches chasseurs prêts à payer pour tuer l’un des big 5. Ainsi, dans certaines chasses privées, les animaux sauvages peuvent être drogués pour être plus facilement tués, ou alors des animaux élevés en captivité peuvent être présentés comme des animaux sauvages. (...)