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Rue 89
La « course de vitesse » d’Eva Joly contre la corruption en Afghanistan
Article mis en ligne le 2 janvier 2013
dernière modification le 30 décembre 2012

Il reste des soldats français en Afghanistan mais les dernières « troupes combattantes » sont rentrées. Encore une promesse de François Hollande à moitié tenue (« Il n’y aura plus de troupes françaises dans ce pays à la fin de l’année 2012 » – engagement n°59).

Le pays est dans un état dramatique. Selon le dernier classement de Transparency International, l’Afghanistan est le pays le plus corrompu au monde, ex aequo avec la Corée du Nord et la Somalie. Un fléau qui, aux yeux de la communauté internationale, entrave la résolution de tous les autres problèmes.

En juillet dernier, à la conférence de Tokyo, les bailleurs de fonds de l’Afghanistan ont donc décidé de conditionner leur aide à une véritable lutte contre la corruption. L’Anti-Corruption Monitoring and Evaluation Committee (MEC) contrôle sa mise en œuvre.

Cet organisme est animé par six commissaires : trois Afghans et trois « experts internationaux », dont Eva Joly.

(...) Eva Joly : J’étais pour le retrait, je l’avais dit pendant ma campagne, donc je suis contente que ce soit fini. C’était une mission terriblement difficile, qui a duré trop longtemps. Nous avons commis les mêmes erreurs que souvent : on s’est appuyé sur les forces existantes, on les a armées sans être très regardant... et on a alimenté la corruption avec ces flux d’argent incontrôlés. C’est aujourd’hui ce contre quoi nous devons lutter, au sein du MEC. (...)

L’existence du MEC est fragile. On est plutôt populaires, on est vus comme un espoir. Mais nous faisons des choses qui ne plaisent pas aux seigneurs de guerre (...)

le diagnostic que nous posons sur la corruption en Afghanistan est terrible. Si Karzaï ne s’attaque pas à ce problème, il n’y a pas d’avenir. (...)

Je pars avec le présupposé qu’il y a, partout, des gens biens, qui aspirent à une société apaisée. Notre travail consiste à les repérer et à créer, grâce à eux, ce que j’appelle des « îlots d’intégrité ». (...)

La seule méthode qui vaille, dans les pays où rien ne marche, c’est de diffuser l’information pour qu’elle atteigne les citoyens qui savent lire et écrire. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’analphabètes, ce qui est un énorme problème. Mais il y a aussi toute une jeunesse formée à l’étranger (en Russie, en Angleterre...) qui pourrait commencer à constituer un contre-pouvoir.
(...)

Pour nos déplacements, il y a une voiture devant avec 6 soldats sur la plateforme, avec un lance-roquettes et des armes automatiques. Il y a une trentaine de gardes du corps en permanence autour de nous. (...)