
Cet entretien a eu lieu avec trois femmes membres du Collectif des Bas Salaires, qui s’est créé en janvier 2015 à l’université de Paris 8 (Saint-Denis), et qui a lancé, pendant plus de deux mois, une grève qui s’est soldée par une victoire concernant certaines revendications : les grévistes réclamaient une augmentation de 98 euros net, et ont obtenu 70 euros brut. Elles ont aussi obtenu une stricte égalité salariale, pour les titulaires et les contractuelles, contrairement au premier principe de distribution des primes. Mais pour Betty, Stavroula et Muriel, les luttes, pas plus que l’existence du Collectif, ne se terminent pas avec la grève des bas salaires. Elles nous expliquent leurs parcours personnels et professionnels, leurs expériences de la grève, et pourquoi elles sont déterminées à poursuivre le combat.
Betty, 60 ans est secrétaire à Paris 8. Elle gagne actuellement 1650 euros net, avec la prime, qui ne sera pas comptabilisée pour sa retraite. Elle travaille depuis ses 16 ans et demi, 19 ans dans le privé, et 30 ans dans le public. Sa retraite, à cause de ce passage du privé au public était estimée si elle prenait sa retraite à 60 ans, : 1027 euros brut par mois, tous régimes confondus (dont 750 euros seulement correspondant au minimum vieillesse dans la fonction publique). Elle doit travailler jusqu’à 65 ans et 8 mois pour toucher 1409 euros bruts par mois tous régimes confondus.
Muriel a bientôt 52 ans. Secrétaire à Paris 8, elle gagne 1780 euros net. Elle travaille depuis ses 17 ans, donc depuis 35 ans. Elle doit encore travailler pendant huit ans pour toucher une retraite à taux plein de 1600 euros net.
Stavroula a bientôt 53 ans. Elle fait des petits boulots depuis toujours, travaille à l’université de Paris 8 depuis 1995, mais n’a été titularisée qu’en 2005. Elle gagne à présent 1500 euros net. Puisqu’elle a toujours eu de très petits salaires, des travaux précaires, elle n’a le droit qu’au minimum vieillesse, 750 euros net. (...)