
Par décision de l’exécutif, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) sera rattachée au ministère de l’intérieur, avec des moyens diminués.
« Ce n’est pas une réorganisation, c’est une disparition. » L’ancien député du Rhône Georges Fenech, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) de 2008 à 2012, ne décolère pas. (...)
Un rapprochement qui marque un changement d’époque, et le primat accordé à la lutte contre la radicalisation djihadiste plutôt qu’à l’emprise sectaire dans un contexte budgétaire serré.
Créée en 2002 dans l’« unanimité politique », rappelle M. Fenech, la Mission a pour rôle de surveiller, coordonner, former et informer autour des mouvements et dérives sectaires. Un travail multiple et pluriel, qui impliquait « un maillage territorial » complet, avec un correspondant Miviludes dans chaque préfecture, rappelle son ancien président, qui voit dans la réorganisation décidée par le gouvernement une décision « irresponsable ». (...)
Une erreur, estiment les associations qui travaillent avec cet organisme. (...)
« On avait le volet éducation, le volet judiciaire, le volet formation, et là on n’aura plus que le volet policier, ce n’est pas possible. » Elle promet une mobilisation nationale : « La Miviludes doit vivre ! »
Les acteurs de la lutte antisectes étaient déjà inquiets du fait que le précédent président de la Miviludes, Serge Blisko, n’ait pas été remplacé à l’issue de son départ, en octobre 2018. Ils sont aujourd’hui nombreux à s’interroger sur l’influence d’un « lobby » au sein de la haute administration, favorable notamment à l’anthroposophie – courant philosophique et éducatif porté par l’Autrichien Rudolf Steiner au début du XXe siècle, à la base notamment de l’agriculture biodynamique –, accusé par la Miviludes d’être un objet de dérives sectaires. En 2018, la Mission a perdu un procès au tribunal administratif contre une association de médecins anthroposophiques. Elle a fait appel.
L’absorption de la Miviludes par le ministère de l’intérieur s’inscrit en tout cas dans le cadre d’une réflexion plus large sur la politique à mener en matière de prévention des nouvelles formes de radicalité. (...)