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Mediapart
Dans le Loiret, une agression et un grand raout de l’extrême droite fédèrent la gauche
#extremedroite #Europe #Montargis #neonazis #haine
Article mis en ligne le 10 juin 2025
dernière modification le 9 juin 2025

Une semaine avant le rassemblement de l’extrême droite européenne à Montargis, un militant des Jeunes socialistes a été agressé par un néonazi dans la ville voisine d’Orléans. La gauche y voit une nouvelle illustration des violences provoquées par les messages de haine de l’extrême droite, et compte bien marquer le coup ce 9 juin.

Lundi 2 juin, Maxime*, un lycéen de 18 ans membre du Mouvement des Jeunes socialistes (MJS) a été agressé à Orléans (Loiret) par un militant néonazi, qui a filmé son action et a diffusé la vidéo sur son compte Instagram privé. Dans cette vidéo, consultée par Mediapart, l’agresseur moque l’engagement antifasciste de sa victime – qui avait collé un sticker avec le drapeau antifasciste rouge et noir sur son ordinateur – et signe du logo d’un groupuscule néonazi orléanais, Brigade Puaud, dont la symbolique et le slogan sont sans équivoque : « Communauté, identité, radicalité ».

Ce même groupuscule est à l’origine des autocollants islamophobes retrouvés dans le centre-ville et à l’université d’Orléans à la mi-mai. Le jeune homme de 19 ans qui avait été interpellé pour ces faits, et qui a reconnu être l’auteur des collages, doit être jugé le 16 juin. Selon Maxime, il s’agirait du même individu qui l’a agressé (...)

C’est ce qui a conduit le militant à porter plainte, comme l’ont annoncé les Jeunes socialistes du Loiret dans un communiqué. Contacté, le parquet d’Orléans n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment de la publication de cet article. (...)

Riposte unitaire

Le Collectif antifasciste Orléans connaît bien le groupuscule Brigade Puaud et le documente sur son site – tout comme Reflets, qui lui avait consacré une enquête. Un des membres du collectif, joint par Mediapart, explique : « Ils sont jusqu’à trois ou quatre, des néonazis qui affichent la couleur, puisque le nom du groupe fait référence à un militaire d’Orléans qui avait rejoint la division Charlemagne, les SS français. Ce qui est assez original, c’est que d’habitude, ils se cachent un peu. Lui, non. »

Le Collectif antifasciste Orléans vient d’ailleurs de révéler que le compte Instagram personnel du militant néonazi interpellé, et qui affichait clairement ses idées, était suivi par un militant du Rassemblement national de la jeunesse (RNJ) proche de la candidate RN à la mairie d’Orléans, et par un collaborateur parlementaire de la députée loirétaine Constance de Pélichy (droite). Pour le militant antifasciste joint par Mediapart, l’agression du 2 juin participe d’une « ambiance d’ensemble, où les idées d’extrême droite sont affichées sans complexes sur les réseaux sociaux, et où le Rassemblement national se normalise ».

Preuve en est le grand rassemblement organisé, lundi 9 juin, par le RN dans la ville voisine de Montargis, afin de célébrer la « fête de la victoire » aux européennes de 2024. Marine Le Pen et Jordan Berdella y accueilleront la fine fleur de l’extrême droite européenne (...)

Dès qu’ils ont appris ce rendez-vous, les membres de l’inter-orga du Loiret ont réagi en appelant à un contre-rassemblement à Montargis. Un large front allant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) au Parti socialiste (PS), de la CGT à la CFDT, et avec Attac, le Mrap et d’autres encore, s’est constitué. Et l’agression de Maxime, qui avait l’intention de s’y rendre, renforce leur détermination à en faire un événement. (...)

Les militantes et militants locaux rapportent une ambiance particulière dans le Loiret autour de l’extrême droite, « dont les pratiques sont parfaitement intégrées dans le paysage », selon Nicolas Autissier, qui insiste sur une fusion implicite entre la droite traditionnelle et l’extrême droite. (...)

Le Collectif antifasciste Orléans se félicite donc de ce contre-rassemblement, même s’il aurait été favorable à une manifestation allant jusqu’au lieu même de la « fête de la victoire » de l’extrême droite : « Il faut prendre conscience qu’on a une force collective. Si on n’ose même plus les dénoncer face à face, on a déjà perdu », dit-il. « Qu’on soit tous unis est une très bonne chose », salue aussi Maxime.

Dans son livre Comment le fascisme gagne la France (La Découverte), le sociologue Ugo Palheta plaide justement pour une stratégie antifasciste unitaire, qui se trouve illustrée à Montargis. (...)