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Le journal de la COP de Reporterre : à Katowice, entre industrie du charbon et négociations climat
Article mis en ligne le 4 décembre 2018
dernière modification le 3 décembre 2018

La COP24 s’est ouverte dimanche 2 décembre à Katowice en Pologne. 28.000 participants y sont attendus, avec un premier désistement — Edouard Philippe retenu à Paris suite à la mobilisation des gilets jaunes. Premier épisode du « Journal de COP » de l’envoyée spéciale de Reporterre.

Voilà, ça y est, « ça » a commencé. « Ça », c’est ce grand raout annuel que convoquent depuis 24 ans les Nations unies pour parler du climat et, dans leurs bonnes années, prendre des décisions susceptibles d’enrayer l’emballement climatique. Si selon les années, les crus sont fort inégaux, tout le monde se souvient de celle de Copenhague en 2009 ou de Paris en 2015, la fameuse COP21, qui a accouché de l’Accord de Paris, le premier accord universel sur le changement climatique.

À l’heure où les gilets jaunes réclament une baisse du prix des carburants fossiles, principale cause des émissions de gaz à effet de serre, le climat n’aura jamais autant fait la Une des médias. Depuis quelques semaines, les alertes se multiplient, toutes plus dramatiques les unes que les autres : ainsi, nous dit l’Organisation météorologique mondiale, 2018 sera la quatrième année la plus chaude en un siècle et demi, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), lui, nous explique que pour maintenir le réchauffement climatique mondial sous les 1,5°C par rapport à la fin du XIXe siècle, il nous faut réaliser des efforts « sans précédent ».

Pas sûr pour autant que la COP24, qui s’est ouverte ce dimanche à Katowice, nichée au cœur d’un bassin minier en Pologne, ne laisse un souvenir impérissable. Annoncée comme « très technique » par les négociateurs, centrée autour du sujet peu glamour des règles d’application de l’Accord de Paris et hébergée par un pays qui produit 80 % de son électricité à partir du charbon, la 24e Conférence onusienne des parties sur le changement climatique, dont COP est l’acronyme, laisse un brin sceptique, au point que de nombreux médias ont décidé de la couvrir a minima.

Une COP a beau avoir des travers et des lenteurs, elle a l’intérêt d’exister et de réussir cet exploit de mettre quelque 200 nations autour de la table pour parler de l’urgence climatique. Alors qu’Emmanuel Macron a décliné l’invitation et qu’Édouard Philippe, qui devait le remplacer, a finalement troqué son gilet vert pour les gilets jaunes, Reporterre s’est rendu sur place. (...)

à la COP24, les négociateurs français se creusent la tête : réussiront-ils à convaincre la présidence polonaise de la COP de laisser la parole à François de Rugy, qui remplacera Édouard Philippe, lui-même remplaçant d’Emmanuel Macron ? Vu du gouvernement, la COP24 semble n’être qu’une patate chaude qu’on se refile au plus vite comme on jouerait à chat perché. Mais la partie est perdue d’avance : pourquoi ferait-on une exception pour un ministre français, alors que seuls seront autorisés à parler lundi les chefs d’État et de gouvernement ? François de Rugy n’est que ministre de la Transition écologique, et ça ne suffira pas. (...)

Katowice est née par et pour le charbon. Les premières mines ont été découvertes dans la région à la fin du XVIIIe siècle. Plomb, zinc, fer, charbon : au XIXe siècle, la bourgade a connu un développement minier sans précédent, et aujourd’hui, bien que la région minière ne représente que 2 % de la superficie de la Pologne, elle abrite 10 % de ses habitants dont beaucoup tirent encore leur revenus de l’extraction minière, ou de la production d’énergie ou d’acier. (...)

Forte de 300.000 habitants, Katowice a toutefois su se réinventer : terrain de jeu vivant du street art, elle est aussi devenue une scène musicale et culturelle de premier rang. (...)

soudain, au détour d’une rue déserte qui jouxte l’université, je tombe nez à nez avec un camping-car qui vient me rassurer : il est comme enrubanné dans une immense banderole appelant à la « Justice climatique ». Cette fois, nous y sommes. (...)

Lundi, deux événements se dérouleront en parallèle : d’un côté, le début des négociations sur le rule book, autrement dit le manuel d’application de l’Accord de Paris, et de l’autre se tiendra le « segment de haut-niveau » (« high level segment »). Si on traduit le jargon onusien, ça veut dire que durant plusieurs heures les chefs d’État et de gouvernement prendront la parole les uns après les autres pour faire une déclaration officielle : trois minutes chacun, pas plus. Enfin, le temps reste quelque chose de très subjectif. Il est rare qu’il soit respecté et les déclarations, souvent, s’allongent…Lundi, deux événements se dérouleront en parallèle : d’un côté, le début des négociations sur le rule book, autrement dit le manuel d’application de l’Accord de Paris, et de l’autre se tiendra le « segment de haut-niveau » (« high level segment ») (...)