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Le racisme, une arme pour tuer la question sociale
LES CARNETS LIBRES D’EDWY PLENEL
Article mis en ligne le 22 décembre 2018

C’est une tendance lourde et il y aura peut-être pire demain. Ce capitalisme prédateur met en péril l’humanité, le sort commun. Pour préserver ses intérêts économiques qui sont socialement minoritaires, il y a de plus en plus de forces politiques qui prennent des cours autoritaires car c’est intenable.

(...) Pour faire passer cela, pour que le peuple l’accepte, l’arme est l’idéologie identitaire. C’est convaincre les gens que leur adversaire, ce n’est pas la finance, ce n’est pas le patron, ce ne sont pas ceux qui oppriment et qui dominent, mais le voisin qui n’est pas pareil, le dernier arrivé, le migrant, le réfugié, le musulman.
Il y a toujours eu des forces xénophobes, racistes. La mobilisation sur ces sujets-là, à la fois à l’intérieur des frontières contre le racisme, et vis-à-vis de l’extérieur dans la solidarité avec les migrants et les réfugiés, n’est pas une question annexe, une question d’humanisme, une question morale. C’est une question démocratique et sociale essentielle. (...)

Les travaux de Marx et d’Engels sur la classe ouvrière montrent que le bouc-émissaire était le travailleur irlandais il y a 150 ans.

C’est une question aussi vieille que la construction d’un marché mondial et de cette unification autour de la marchandise de notre monde que produit le capitalisme. Plus la situation est intenable plus cette question est présente. Nous savons que notre monde va à la catastrophe, que cette logique-là met en péril l’humanité. Nous savons que ces élites, appuyées par l’évasion fiscale, n’ont plus le sens du sens commun. Nous savons que les 30 Glorieuses, comme on les a appelées, ne sont qu’une petite parenthèse liée à la catastrophe qui a précédé... Face à cela il faut expliquer de manière très pratique, et aussi historique, combien cette arme va dévorer tout le monde. (...)

L’antisémitisme moderne, quand il naît, n’est pas porté par des brutes épaisses mais par des intellectuels qui ont une belle plume, qui sont respectés. (...)

Ce qui a permis la richesse de notre société, les droits sociaux qu’a pu conquérir la classe ouvrière ont été basés, et le sont toujours, en grande part, sur un échange inégal avec d’autres peuples. C’est un combat historique, qui remonte aux origines du monde ouvrier, de dire ça. (...)

Toute conquête des droits part de ce que la norme majoritaire voit comme une minorité qui fait désordre, qui dérange. Et cette minorité met à l’agenda du débat public des droits nouveaux. (...)