
La santé apparente du secteur aéronautique a une cause essentielle : le transport aérien paye beaucoup moins d’impôts que les autres activités. Faisant peser sur la collectivité son impact polluant et handicapant les autres moyens de transport moins nocifs.
Le secteur aérien ne semble pas subir la crise économique. En 2013, la fréquentation des aéroports français a connu en effet une nette progression : sur l’ensemble de l’année, le trafic aérien de voyageur a augmenté de + 2,5%. Le phénomène est spectaculaire à Orly (+ 7,7%), Nantes (+9,9%) et Beauvais (+ 10,8%).
En 2013, des plateformes comme Bordeaux ont atteint ou battu leur record annuel de fréquentation. Comment expliquer un tel succès ? Tout simplement par les privilèges acquis au fil des années par l’industrie aéronautique. Entre les avantages fiscaux et les profits engrangés grâce au système de quotas de C02, le secteur a toutes les raisons d’afficher une santé insolente.
Cela pose un réel problème en termes de réchauffement climatique (...)
Un phénomène qui devrait s’accélérer avec l’accroissement régulier du nombre de voyageurs. « Si rien n’est fait, les émissions de ce secteur doivent doubler, voire tripler d’ici à 2050, réduisant à néant toute chance de limiter le réchauffement de la planète bien en deçà de 2° C d’ici la fin du siècle » estime le Réseau Action climat..
Tous les avantages dont bénéficie la filière ont eu pour conséquence la baisse des prix des billets, les rendant plus avantageux que des modes de transport plus propres : résultat, depuis 1990, les émissions de ce secteur au sein de l’Union ont augmenté de 110%. (...)
Cerise sur le gâteau, un rapport publié en décembre 2012 montre que l’industrie aérienne a encaissé en 2012 un profit supplémentaire de 700 millions à 1,36 milliard d’euros grâce au système européen d’échange de quotas de CO2. Le deuxième plus gros bénéficiaire de ce système dans le monde n’est autre que la compagnie Air France qui aurait accumulé entre 26 à 51,5 millions d’euros.
Dans le même temps la SNCF devrait, selon la Fédération Nationale des Associations d’Usagers des Transports (FNAUT), fermer une vingtaine de lignes TER d’ici dix ans. « Le manque à gagner consécutif aux niches fiscales accordées au secteur aérien aurait pu permettre d’investir dans des modes de transports plus propres », déplore Lorelei Limousin. Apparemment, le gouvernement a fait un autre choix.