
...« le bidonville global entre en collision avec le chantier de construction global, explique le géographe David Harvey, atroce dissymétrie qui ne peut être interprétée que comme une forme criante de confrontation de classes (1) »...
...Qui dit « confrontation », pour reprendre la formulation de Harvey, ne dit pas forcément affrontement. C’est plutôt sur le mode du séparatisme que les clivages de classe se manifestent aujourd’hui dans l’espace urbain. Les heurts frontaux entre possédants et dépossédés sont devenus rares. Le combat pour s’approprier la ville n’a pas cessé faute de combattants, mais parce que, face à une bourgeoisie toujours à l’offensive, l’autre protagoniste n’est plus en mesure de s’opposer....
...A quelques exceptions près, la jonction espérée entre travailleurs et citadins résultant de l’extension du domaine de la lutte des classes aux lieux de résidence ne s’est pas opérée. Quand elle se fit, comme au Chili, en Argentine ou dans certaines villes italiennes et espagnoles (Turin, Bologne, Barcelone), où les travailleurs étaient parvenus à coupler le combat contre l’exploitation dans les usines avec celui livré contre les promoteurs, les propriétaires et leurs soutiens politiques, la résistance revêtit des formes éphémères, souvent étouffées par la répression. Ailleurs, elle fut neutralisée par la récupération ...
...Le « projet partagé » destiné à souder la partie centrale et la périphérie des régions urbaines dans un « destin commun » n’est que l’application spatiale du principe cardinal appelé à régir l’ensemble de la vie en société sur la planète entière : la « concurrence libre et non faussée ».