
Les soldats américains ayant participé aux tortures de la prison d’Abou Ghraib ont déjà été condamnés. Mais une autre chaîne de responsabilité commence à émerger : celle des « contractors », les sociétés privées qui sous-traitent la guerre américaine en Irak.
Les avocats des anciens détenus d’Abou Ghraib et d’autres prisons irakiennes accusent ces compagnies d’avoir joué un rôle dans les violences physiques, psychologiques et sexuelles dont leurs clients ont été victimes.
En contact permanent avec les soldats pour différentes tâches, les employés des sociétés militaires privées auraient « fermé les yeux volontairement » et gardé le silence sur des crimes, selon les plaintes déposées. (...)
L’un de ces « contractors », Engility Holdings Inc., basé en Virginie, vient de verser 5,28 millions de dollars à 71 ex-prisonniers irakiens dans le cadre d’un accord ; l’une de ses filiales, appelée L-3 Services Inc., était visée par une plainte depuis 2008. Ce prestataire de services a fourni des traducteurs à l’armée américaine en Irak, plus de 6 000 en 2006, pour un contrat de 450 millions de dollars par an. (...)
Pour autant, le jugement concerne ici l’entreprise dans son ensemble, et pas ses employés individuellement. Aucun d’entre eux n’a été poursuivi au pénal. Quant à Engility Holdings Inc., elle continue à recevoir des commandes de l’Etat américain. (...)
Pour compliquer encore un peu la question, les tribunaux hésitent quant au statut à accorder à ces entreprises, qui travaillent main dans la main avec les soldats.
Le gouvernement américain, en tant qu’entité, est à l’abri des poursuites sur des faits commis en zone de combat. Les compagnies privées réclament la même immunité, même si leurs employés, individuellement, pourraient être poursuivis pour des faits précis. (...)