
75% de la population vit avec moins de 160 dollars par an, soit moins de 33 centimes d’euro par jour et 50% des enfants sont en carence alimentaire selon Olivier de Schutter, représentant de la FAO. Le PIB de Madagascar, 8 Mds$, est extrêmement faible. Il représente la moitié du bénéfice de la société Total en 2011, et le 30ème du chiffre d’affaires de cette compagnie qui emploie seulement 100.000 personnes et a de grands projets d’extraction pétroliers sur l’île. Plus grand que la France, peuplé de 22 millions d’habitants, ce pays recèle encore 2% de la biodiversité mondiale malgré la déforestation catastrophique, les incendies volontaires continuels, les extractions minières aux impacts environnementaux dramatiques et les accaparements de terres qui se multiplient.
Le remboursement des intérêts de la dette extérieure publique, soit 60 millions de dollars par an, est relativement faible. Le stock de la dette est évalué à 20% du PIB en 2011. Dans l’état de manque de la population, ces intérêts payés sont encore beaucoup trop importants. Le budget de l’Etat n’atteint pas un milliard de dollars. En comparaison, celui de la France, hors sécurité sociale est 300 fois plus élevé. Si on le rajoute, il l’est 700 fois plus.
Madagascar est un des premiers exportateurs de saphir, de rubis et de vanille. Il existe à Ambatovy, à l’est d’Antananarivo, un gisement de nickel et de cobalt colossal. C’est un des plus grands projets d’extraction de l’Afrique subsaharienne.
(...) Ce continent a déjà perdu ses forces vives pendant plusieurs siècles. Des dizaines de millions d’hommes et de femmes jeunes, transformés en esclaves ont été expédiés et vendus aux Amériques dans des conditions abominables pour devenir la force de travail du pillage occidental. Ces pays et ces peuples n’ont jamais reçu la moindre compensation ou la moindre excuse, bien au contraire. Ce que l’on appelle la « malédiction des matières premières » n’est-elle pas simplement la continuité modernisé de l’asservissement du passé, avec son abominable commerce triangulaire ? L’histoire risque de bégayer encore longtemps avec cet extractivisme des ressources naturelles et des terres qui, d’un côté, privent ces peuples d’Afrique, de l’accès à l’égalité, à la justice et au bonheur et, de l’autre, transforment notre planète en bouilloire-poubelle ? Si nous ne voyons pas ce que nous pouvons faire individuellement pour changer cette exploitation, nous pouvons au moins la dénoncer en étant actif au sein d’associations comme Survie, le Cadtm, les Amis de la Terre et bien d’autres encore.