
La conférence des Nations unies sur le climat s’est ouverte lundi à Varsovie. Encore des discussions pour rien ? Pas si simple. Derrière la complexité des discussions se joue des parties majeures. Dont celle qui vise à mettre au pas la finance mondiale afin de lutter vraiment contre le changement climatique.
Le délégué des Philippines à la Conférence sur le climat des Nations unies qui se tient à Varsovie, Naderev Sano, a déclaré lundi 11 novembre "qu’il jeûnerait jusqu’à ce qu’un accord significatif soit en vue" durant la conférence qui doit s’achever le 22. Il réagissait au cyclone Haiyan qui a dévasté son pays et laisse des centaines de milliers de personnes affamés.
La conférence s’ouvre alors que les nouvelles sur le changement climatique sont de plus en plus inquiétantes. Le rapport du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat) a, en septembre, levé les doutes qui auraient pu exister sur la gravité de l’évolution en cours. Tout récemment, l’Organisation météorologique mondiale a rappelé que la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre a atteint en 2012 un record, qu’il s’agisse du dioxyde de carbone (CO2), du méthane (CH4) ou du protoxyde d’azote (N20).
Pourtant, le monde continue à émettre des volumes de gaz qui nous conduisent à un réchauffement bien supérieur à 2°C par rapport au niveau de l’ère pré-industrielle : ce seuil de 2°C est considéré comme celui à ne pas franchir si l’on veut que les effets du réchauffement global, déjà graves, restent supportables. Or, selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (Emissions gap report 2013), les émissions mondiales sont en 2010 de l’ordre de 50 milliards de tonnes équivalent CO2, soit bien au-dessus du niveau qui serait nécessaire pour ne pas dépasser 2°C (44 milliards de tonnes). Et si l’évolution continue au rythme actuel, on serait en 2020 à 59 milliards de tonnes. Pour rester à 2°C, rappelle le PNUE, il faudrait réduire en 2050 les émissions à 20 milliards de tonnes d’équivalent CO2.
Le dédain ostensible du Canada, de l’Australie et de la Pologne
Pourtant, les négociations sur le climat sont enlisées depuis le sommet de Copenhague en 2009. Et plusieurs pays manifestent ostensiblement leur dédain à l’égard du problème : le Canada a quitté le Protocole de Kyoto, l’Australie n’a pas envoyé son ministre de l’Environnement, Greg Hunt, à la conférence de Varsovie, et le pays-hôte de celle-ci la Pologne, n’a rien trouvé de mieux à faire qu’organiser au même moment un Sommet international sur le charbon...
Faut-il alors désespérer de toute négociation internationale en considérant qu’il ne s’agit que d’un cirque vain ? Pas tout à fait. Ces réunions restent la scène où la communauté internationale se retrouve pour se confronter au problème planétaire, et élabore les outils qu’il faudra bien un jour mettre en oeuvre si l’on ne veut pas sombrer dans le chaos. (...)
Toute la discussion s’organise autour de l’objectif d’un accord international à la conférence de Paris en 2015 - accord international qui entrerait en oeuvre en 2020. Cet accord sera-t-il consistant et contraignant, à l’image du protocole de Kyoto signé en 1997 ? Le traité de 2015 viserait lui aussi une baisse globale et coordonnée des émissions. Mais un influent courant de pensée, constatant l’échec du protocole de Kyoto, pense qu’il faut plutôt chercher des accords spécifiques à tel ou tel problème, voire des accords n’impliquant que quelques participants, pour éviter la lourdeur des procédures de l’ONU : Etats-Unis et Chine sont ainsi engagés dans un dialogue soutenu.
Plutôt les Jeux olympiques que le climat (...)
Marché ou taxe sur la finance : c’est un enjeu majeur de la grande discussion climatique en cours.
Nul doute que le rôle des citoyens y sera déterminant. Pour l’instant, les opinions publiques semblent apathiques. Sauf que… des étincelles de vie sont prêtes à allumer le feu. Comme dans le train climatique qui part vendredi de Bruxelles vers Varsovie : Reporterre y embarque.