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Notre horizon : l’égalité réelle pour toutes et tous
Article mis en ligne le 8 octobre 2012

« La rhétorique égalitaire républicaine, plus ou moins sincère, ne suffit pas à lutter contre les inégalités réellement existantes », constatent ensemble Jérôme Anciberro, Jean Baubérot, Tarek Ben Hiba, Saïd Bouamama, Didier Epsztajn, Christine Delphy, Sabine Lambert, Stéphane Lavignotte et Patrick Silberstein. « De nouveaux droits sont à inventer, à mettre en mouvement, à construire. »

Une nouvelle fois – mais peut-on encore s’en étonner ?–, le Parti socialiste de gouvernement piétine devant l’obstacle de l’extension du droit de vote à toutes et tous les habitant-e-s, qu’elles et ils soient nommé-e-s français-es ou étrange-è-r-es. Un tel droit permettrait une nouvelle avancée vers l’universalisation réelle de la citoyenneté.

Nous pouvons d’ailleurs remarquer qu’il piétine devant bien des obstacles et qu’il met la pédale douce ou enclenche la marche arrière sur bien des questions. Son action étant, par ailleurs, réduite à des mesures de « gouvernance », écartant la construction de débats démocratiques, d’interventions participatives, directes ou non, des citoyen-ne-s.

Les questions sont là, nombreuses, qui méritent d’être traitées avec courage et détermination, en rompant avec les soi-disant « intérêts communs », pour dire aux Bernard Arnault, aux Unilever, aux PSA et autres Medef, aux Le Pen et à l’UMP que Sarkozy chassé, c’est leurs politiques qu’il est temps de changer.

Prenons une question, une seule. Celle de l’Égalité qui trône sur les frontons entre la Liberté et la Fraternité. Pour mémoire, cette égalité signifie l’égalité des êtres humains. Ni seule égalité abstraite, ni juste égalité de traitement, ni simple égalité d’accès aux droits, ni équité de traitement (comme la prônent les néolibéraux). La question de l’égalité est une question concrète. La rhétorique égalitaire républicaine, plus ou moins sincère, ne suffit pas à lutter contre les inégalités réellement existantes. (...)

La gauche de transformation, celle qui prétend participer à changer le monde, devrait mettre en avant des mesures qui modifient immédiatement les conditions de vie des exploité-e-s et des opprimé-e-s.

En partant des situations réelles, des ségrégations territoriales, sociales et « ethno-raciales », les politiques d’égalité supposent de prendre à bras-le-corps les discriminations liées au genre, à la couleur de peau, à l’étrangeté du patronyme, à la ghettoïsation de résidence, à la religion, etc. Plus généralement, ces politiques à mettre en œuvre impliquent de dénaturaliser les pratiques « majoritaires ». (...)

Aux inégalités et asymétries existantes, nous pouvons opposer un universalisme concret, mobilisateur et non réduit à la « communauté majoritaire », un universalisme préoccupé de l’histoire et des dynamiques sociales. Cet universalisme n’est pas encore advenu, c’est un projet en construction, en devenir et, d’une certaine façon, une utopie, un horizon pour le rassemblement que nous construisons.

Il est temps que soit organisé un véritable débat contradictoire, public et citoyen sur les hypothèses d’une politique de construction de l’égalité ici et maintenant. Quels en seraient les principes ? Qui en seraient les bénéficiaires ? Quels en seraient les critères d’application ? Quelles en seraient les obligations ? Quels en seraient les fondements juridiques et constitutionnels ? Quels en seraient les « effets pervers » éventuels ?

Notre horizon : l’égalité réelle pour toutes et tous. (...)