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Le cri des peuples
Nouveau rebondissement dans la parodie de procès de Julian Assange
Par Craig Murray ; Traduction : lecridespeuples.fr, 15 juillet 2020
Article mis en ligne le 18 juillet 2020

L’emprisonnement de Julian Assange a été un catalogue d’injustices flagrantes accumulées les unes sur les autres, tandis que les médias complices et la population endoctrinée détournaient les yeux. Dans un revirement vraiment extraordinaire, Assange est maintenant extradé sur la base d’un acte d’accusation émis au Royaume-Uni, qui est substantiellement différent de l’acte d’accusation qui l’attend en Virginie s’il est extradé.

L’audience d’Assange a été ajournée après sa première semaine complète et sa reprise a depuis été retardée par le coronavirus. Au cours de cette première semaine complète, l’accusation et la défense ont exposé leurs arguments juridiques concernant l’acte d’accusation. Comme je l’ai rapporté en détail à un public de millions de personnes, l’équipe juridique d’Assange a assez bien démoli les principaux arguments du parquet lors de cette audience.

Cet extrait de mon rapport sur les arguments de la défense est particulièrement pertinent par rapport à ce qui s’est produit depuis :
(...)

Bien qu’il n’y ait aucune preuve que le juge Baraitser examine sérieusement les arguments de la défense, ce que ces échanges ont permis est de montrer aux procureurs les failles de leur argumentation, qui leur causeraient de graves problèmes s’ils faisaient traduire Julian devant la justice des États-Unis. En particulier, ils se méfient de la forte protection de la liberté d’expression dans la Constitution américaine et sont donc désespérés de dépeindre Julian comme un pirate informatique, et non comme un journaliste. Mais comme vous pouvez le voir ci-dessus, leur argumentation en ce sens n’est pas solide. (...)

L’accusation avait donc besoin d’un angle d’attaque différent. Le 24 juin, le Département américain de la Justice a donc entièrement modifié l’acte d’accusation contre Julian en Virginie et a introduit un acte d’accusation de remplacement :
(...)

Le nouvel acte d’accusation n’ajoute pas de chefs d’accusation supplémentaires à l’acte d’accusation précédant comportant 18 chefs d’accusation contre Assange et émis en mai 2019. Il élargit cependant la portée du complot quant aux intrusions informatiques présumées dont Assange était précédemment accusé. Selon le document à charge, Assange et d’autres personnes de WikiLeaks ont recruté des pirates informatiques et se sont mis d’accord avec eux pour commettre des intrusions informatiques au profit de WikiLeaks. (...)

il s’agit de passer à des accusations solidement ancrées dans le « piratage », plutôt que dans la publication de fuites sur les effroyables crimes de guerre américains. Le nouvel acte d’accusation est basé sur les preuves d’un « indic », Sigurdur Thordarson, qui était un informateur rémunéré du FBI lors de son contact avec Wikileaks. (...)

Les motivations et la crédibilité de l’indic du FBI sont donc extrêmement suspectes. (...)

L’acte d’accusation de remplacement vise également à contrer les affidavits de témoins à décharge qui ont été divulgués à l’accusation, y compris les témoignages d’experts qui réfutent l’acte d’accusation concernant l’assistance présumée d’Assange à Manning en vue d’un piratage de données, qui est jusqu’à présent la seule base de l’accusation de « piratage ». Nous avons fait valoir que ce changement était une proposition scandaleuse. L’audience devait-elle recommencer à zéro sur la base du nouvel acte d’accusation ?

Puis, à notre grand étonnement, l’accusation n’a pas du tout présenté le nouvel acte d’accusation à l’audience de procédure. Pour éviter ces problèmes, il semble qu’ils se contentent de permettre la tenue de l’audience d’extradition sur l’ancien acte d’accusation, alors que ce n’est pas cet acte d’accusation qui attend Assange aux États-Unis. C’est tout à fait scandaleux. (...)

Faire juger l’extradition sur le fond d’un acte d’accusation alors que l’accusé fera face à un acte d’accusation est un scandale. Changer l’acte d’accusation longtemps après la tenue de l’audience et la présentation des preuves de la défense est un scandale. Le manque d’indignation des médias est un scandale. (...)

Rien de tout cela ne choquera ceux d’entre nous qui ont prêté attention aux faits. Nous devons continuer de sensibiliser le public au fait que l’anéantissement d’un journaliste pour avoir dénoncé des crimes de guerre, sur la base d’un catalogue de mensonges étatiques et d’une procédure douteuse, n’est pas un acte que l’État peut entreprendre sans nuire à l’âme même de la nation.