
Vous aviez déjà entendu parler de la conférence environnementale avant ce matin ? Non ? Ce n’est pas surprenant. A Reporterre aussi on a failli la rater. Le gouvernement lui aussi l’avait presque oubliée.
En théorie, bien sûr, on sait qu’elle existe. C’est même l’une des promesses de campagne du candidat Hollande : « Je prends l’engagement d’ouvrir un dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social », avait-il affirmé au Congrès de France Nature Environnement. Ce serait comme le Grenelle de l’environnement, mais en mieux, puisque l’événement aurait lieu chaque année.
Promesse tenue, depuis son élection. Et ce matin 27 novembre, le Président va inaugurer sa troisième conférence environnementale.
Mais cette année à Reporterre, on a eu du mal à la trouver... Il y a quelques mois la ministre Ségolène Royal l’annonçait en octobre.
Et puis non, on a appris qu’elle se déroulerait en novembre et se diviserait en trois réunions réparties sur le mois. Mais sur le site du ministère, toujours rien au début du mois.
? C’est en tout cas ce que pensent les ONG écolos : la plus grosse fédération française, France nature environnement, menace de ne pas y participer de même que le Réseau action climat France (RAC). (...)
Ouf, « On a retrouvé la conférence environnementale ! » se félicite Reporterre. Mais les associations ne s’adoucissent pas pour autant. Elles ont comme l’impression qu’on se moque d’elles, comme l’exprime le RAC en termes polis : « Alors que les lobbies routiers ont obtenu satisfaction sur le sort de la taxe poids lourds, force est de constater que les attentes exprimées lors du débat sur la transition énergétique et des réunions préparatoires de la conférence environnementales n’ont, elles, pas été entendues. »
Résultat, quatre associations décident de boycotter la table ronde sur les transports : le RAC, FNE, la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et les Amis de la Terre.
Première raison, l’abandon de l’écotaxe. « Un casus belli » pour Denez L’Hostis, président de FNE. Mais la liste des autres raisons est longue :
– Maintien du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, qui bénéficie du soutien du Premier Ministre ;
– conséquence de l’abandon de l’écotaxe, suspension des investissements dans les projets de transports collectifs ;
– plan de relance des autoroutes ;
– toujours sur les autoroutes, proposition de Ségolène Royal de les rendre gratuites le week-end ;
– hausse de la TVA sur les transports en commun de 7 à 10 % ;
Etc...(...)
Et voici que leurs collègues spécialistes de santé-environnementale en rajoutent une couche ! Ecologie sans Frontières, Générations Futures, Respire et Robins des Toits se demandent dans un communiqué : « L’environnement et la santé, ça commence à bien faire ? »
Elles se plaignent de n’être pas invitées à la table-ronde santé-environnement. Risquaient-elles de gâcher la fête ? Mais non, puisqu’en dernière minute le porte-parole de Générations Futures François Veillerette a reçu une invitation... Sauf qu’il ne sait pas à quel titre. En tant que personnalité qualifiée il pourra s’exprimer, mais s’il vient en tant qu’expert, il ne pourra pas donner son avis.
Et d’ailleurs, avec qui va-t-il débattre ? « Je ne sais pas du tout ! », répond-t-il. Quant aux sujets de discussion, « cela fait des mois qu’on fait des réunions, affirme-t-il… Mais je n’ai reçu la feuille de route avec les propositions que lundi soir. »
« Soit c’est de l’amateurisme, soit on est sciemment évités », dénonce Etienne Cendrier de Robins des Toits. Il penche plutôt pour la deuxième solution. Car des propositions transmises au gouvernement, « aucune n’a été reprise, déplore-t-il. On n’a même pas reçu d’accusé de réception ! » (...)
Et cerise sur le gâteau, comme le révèle Reporterre, le gouvernement veut autoriser les nanomatériaux dans l’alimentation.
« Cette conférence environnementale est juste un coup de com’, il ne se passera rien, conclut Nadir Saïfi, vice-président d’Écologie sans frontières. Je n’ai jamais vu un gouvernement aussi sensible aux lobbys que celui-là ».
Mais sans doute n’était-il pas présent lundi à la conférence de presse de Ségolène Royal. Car Reporterre y était, et on a bien entendu, elle parlait justement de santé environnement : « Nous devons aller beaucoup plus vite, malgré les lobbies » a-t-elle lancé avec vigueur. Promis-juré et foi de ministre. On sent les lobbies trembler...