
Malgré une grave crise de la pêche sur ces dernières semaines, de nombreuses initiatives de solidarité se sont développées, comme ici en Pays Basque.
Comme chacun le sait désormais, la crise actuelle a de gros impacts sur la pêche et les pêcheurs basques et landais en ont fait les frais : fermeture temporaire de la criée de Saint-Jean-de-Luz le 23 mars, fermeture du marché aux poissons de Capbreton, fermeture des étals de Bayonne … nombreux ont été les événements qui ont mis à mal la pêche locale. (...)
Certains sont décidé de suspendre leur activité, d’autres ont continué d’aller en mer malgré la difficulté de trouver des matelots et l’incertitude des prix. La situation était vraiment compliquée au début du confinement, Guillaume, patron du CLOË , avait même peur de devoir vendre son bateau.
Mais c’était sans compter sur l’inventivité des pêcheurs et la solidarité des réseaux basques et landais ! Nicolas Susperregui, chargé de mission au CIDPMEM 64/40 (Comité Interdépartemental des Pêches et des Elevages Marins) a échangé avec Anthony Biguerie, du restaurant Le Petit Louis, qui a accepté de faire de son restaurant un point relais pour les pêcheurs souhaitant vendre leur poisson en direct.
Ce système repose sur un fonctionnement plus large, comme l’explique Bixente Marichular, président de Slow Food Biziona Pays Basque : “pendant le confinement, l’association a mis en place un système permettant aux producteurs basques de vendre leurs produits en direct, via des points relais assurés par des restaurateurs” (...)
Afin qu’un maximum de pêcheurs puissent profiter de ces opportunités, Nicolas a informé tous les armateurs du quartier maritime de Bayonne. Sur 100 navires sur le territoire, 6 ont répondu rapidement. En effet, certains vendent déjà à la table ou en AMAP toute l’année et continuent donc à utiliser ces circuits pendant la crise du COVID, d’autres ont des types de pêche moins adaptés à ce genre de distribution (Pêche estuarienne, pêche hauturière et Bolinche) et d’autres sont en arrêts temporaires et chômage partiel. Ce qui explique qu’ils ne soient que 6 pour l’instant même si certains guettent aussi le succès de l’opération avant de rejoindre cette initiative.
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Face au succès de ce système, Battit, patron du bateau AURRERA, et Guillaume, patron du CLOË, ont été obligé de recruter une personne supplémentaire pour s’occuper des commandes. (...)
“Il y a un mois je me voyais déjà vendre le bateau, et aujourd’hui ce système me permet de maintenir l’entreprise, de payer mon équipage, et de valoriser mon poisson à la hauteur de ce qu’il vaut. Le bouche à oreille fonctionne, les médias en parlent, et surtout les gens sont contents.”
Grâce aux fiches bateaux produites par Nicolas Susperregui et consultables à la fin de cet article, on peut savoir comment le poisson est pêché, sur quel bateau, avec quel méthodes de pêche. On peut aussi appeler les pêcheurs afin de commander, et se rendre à l’adresse indiquée pour récupérer sa poche de poisson. Du circuit court, transparent, qui permet aux pêcheurs de maintenir leur activité : que du positif !
Même si cette initiative ne concerne pour l’instant que 6 pêcheurs, ils sont nombreux à s’y intéresser. (...)
“Notre réseau existe depuis longtemps mais les pêcheurs semblent parfois inaccessibles. Quand nous avons mis en place un système d’urgence pour soutenir les producteurs dans le cadre de la crise du Covid-19, nous ne pensions pas que les pêcheurs allaient en faire partie. Nous en sommes ravis et nous espérons que cette initiative pourra se pérenniser.” (...)
Comme à Royan où une initiative similaire s’est développée, le maintien de ces systèmes nécessitera un fort soutien de la part des communautés littorales. La question des mareyeurs, des poissonniers et des restaurateurs sera cruciale à partir de la fin des mesures de confinement. Mais selon Pleine Mer, il y a suffisamment d’espace pour chaque acteur, et cette crise rappelle aussi la nécessité de l’entraide au sein de la filière (...)
Pleine Mer souhaite soutenir les acteurs locaux qui ont participé à l’émergence de ces systèmes, afin de les pérenniser sur le long terme. Comme le dit Bixente Marichular “On est dans l’incertitude, on ne sait pas vraiment à quoi va ressembler le monde d’après, mais il faudra tout faire pour donner plus de résilience aux systèmes alimentaires”.