
Etablir « un pont entre les civilisations », tel était l’objectif ambitieux et louable que s’était fixé l’université Paris-Sorbonne en ouvrant une antenne universitaire à d’Abu Dhabi. La triste réalité de récents événements nous amène bien loin de ce message d’espoir.
Parmi les cinq personnes jugées actuellement à Abu Dhabi figure Nasser bin Ghaith, expert en commerce international qui enseigne régulièrement à l’UPSAD. M. bin Ghaith, tous comme ses compagnons d’infortune, est en prison depuis le mois d’avril et est actuellement jugé pour avoir publiquement « insulté » les autorités émiriennes.
Cette accusation est – à notre sens – sans aucun fondement. M. bin Ghaith a tout simplement exprimé publiquement sur Internet son désir de transition démocratique aux Emirats arabes unis. (...)
Les accusés risquent plusieurs années de prison. La France, qui a établi des relations très étroites avec les Emirats (ouverture d’une base militaire en 2010, contrats commerciaux importants, projet du musée du Louvre d’Abu Dhabi, participation des Emirats à la coalition militaire qui a opéré en Libye…), n’a jusqu’à présent fait aucun commentaire sur ces arrestations de citoyens « pro-démocratie ».
C’est pour le moins regrettable, alors que François Fillon en personne a visité l’UPSAD en février 2011. Il serait temps que la France applique à ce pays la nouvelle doctrine officielle de soutien aux expressions pro-démocratiques et pacifiques dans le monde arabe.
Mais un autre point est particulièrement choquant. Il concerne l’université Paris-Sorbonne. Ses liens avec l’UPSAD sont indéniables. Non seulement l’université Paris-Sorbonne a signé un accord avec les Emirats qui a permis la création de l’UPSAD, mais le président du conseil d’administration de l’université Paris-Sorbonne, M. Georges Moliné, préside également le conseil d’administration de l’UPSAD. De nombreux professeurs de Paris-IV se rendent régulièrement à Abu Dhabi pour y dispenser des cours. (...)
les droits les plus fondamentaux de la défense sont bafoués. Non seulement ce procès est injuste, mais les autorités n’auraient jamais dû mettre ces cinq personnes en examen alors qu’elles n’ont fait qu’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression.
Les intellectuels pro-démocratie émiriens méritent le soutien de toutes celles et tous ceux qui saluent l’extraordinaire aspiration pour la démocratie des citoyens du monde arabe. L’université Paris-Sorbonne se doit de prouver que la devise « un pont entre les civilisations » choisie pour l’UPSAD est belle et bien une réalité morale et pas juste un slogan commercial. (...) Wikio